La ministre de la Culture, Nadia Labidi, a indiqué, hier, que l'implication des professionnels de la culture passera, en 2015, par l'organisation de « rencontres sectorielles » avec ces derniers, en remplacement des assises nationales de la culture annoncées initialement pour la fin de l'année en cours. Cette modification dans la « forme » a été décidée pour garantir un aspect « opérationnel » et « pratique » de ces rendez-vous, a-t-elle précisé dans un entretien à l'APS. Des rencontres préliminaires, visant à « établir un dialogue direct » entre les professionnels (livre, cinéma, arts du spectacle, la musique et patrimoine culturel) et leur tutelle en posant les « questions urgentes » pour le secteur avaient été organisées durant l'été 2014. Concernant la protection du patrimoine culturel, la ministre a affirmé que la loi 98-04 sera révisée pour mettre en conformité le texte avec les « réalités du terrain » et les « engagements internationaux » de l'Algérie. Mme Labidi a indiqué que des « réajustements » traiteront notamment des « qualification des architectes » spécialisés dans la réhabilitation et la restauration des biens culturels. « Il est nécessaire, a-t-elle soutenu, de mettre en place une commission chargée de revoir les conditions d'habilitation des architectes et de créer des partenariats avec les grandes écoles de formation dans ce domaine ». Elle a justifié les retards dans la réalisation des projets de réhabilitation des sites comme La Casbah d'Alger, la vieille médina de Constantine ou les ksour du sud algérien par la rareté des bureaux d'étude spécialisés et d'architectes agréés dont le nombre est jugé « insuffisant ». Sur le plan international, le ministère de la Culture « s'apprête à engager une réflexion » sur la procédure de ratification de la convention de l'Unesco relative à la protection et à la promotion de la diversité des expressions. Dans ce sens, elle a relevé l'« urgence de déposer les instruments juridiques ». Dans un autre registre, Mme Labidi a fait état de sa double résolution pour 2015 d'impliquer davantage les acteurs sociaux dans l'organisation des évènements culturels en Algérie, jugeant « légitime » leur souhait d'être plus impliqués dans l'organisation des festivals qu'ils soient à dimension nationale ou internationale, confiée jusqu'ici à des commissariats désignés par le ministère de la Culture. La ministre se montre ainsi sensible aux remarques émises régulièrement par des acteurs de la scène culturelle, qui ont pointé du doigt le manque de préparation dans l'organisation des festivals en Algérie pendant que d'autres soulignaient la nécessité de bilans chiffrés à l'issue de chacune de ces manifestations. Mme Labidi a également exprimé sa volonté de « développer le soutien au mouvement associatif » en « encourageant les professionnels » à s'organiser en associations ou encore en « facilitant » la « mise en conformité avec la loi » des associations existantes, en collaboration avec le ministère de l'Intérieur. Priée de réagir à des appels à la censure et à des menaces publiques récemment lancés contre des intellectuels algériens, la ministre de la Culture a jugé « intolérables » les « menaces adressées, a-t-elle cité, à Lyes Salem, Kamel Daoud et à Meriem Bouzid-Sababou » respectivement cinéaste, romancier et journaliste, et anthropologue.