Après à peine une année à la tête du ministère de la Culture, Mme Nadia Labidi semble avoir pris de bonnes résolutions pour 2015. Et c'est dans un entretien accordé à l'APS que la ministre fait part de ses projets pour l'année prochaine. Un des axes principaux de son action est l'implication davantage des acteurs sociaux dans l'organisation des évènements culturels en Algérie, et l'encouragement de l'intégration de son secteur dans le développement économique national. La ministre a même qualifié de légitime la requête des artistes et associations jusque-là non impliqués dans l'organisation de grands événements culturels. La responsable a aussi indiqué qu'une «réflexion autour de l'ensemble des festivals» sera menée en 2015 par son département afin de «dresser le bilan» de ces manifestations et d'étudier leur «impact» sur le public et cela en réponse aux remarques émises à propos des festivals. Concernant la part allouée aux associations dans le budget 2015 de son département, estimée à 0,23% du budget attribué au ministère lors de ces derniers exercices, la ministre n'a pas donné d'indications chiffrées. Elle a également exprimé sa volonté de «développer le soutien au mouvement associatif» en «encourageant les professionnels» à s'organiser en associations ou encore en «facilitant» la «mise en conformité avec la loi» des associations existantes, en collaboration avec le ministère de l'Intérieur. S'agissant du partenariat avec les acteurs privés dans le secteur de la culture, la ministre a rappelé les actions entamées en vue de «développer des industries culturelles et créatives», notamment par l'encadrement des aides publiques au profit des créateurs d'entreprises dans le secteur culturel. Mme Labidi a aussi rappelé que l'implication des professionnels de la culture passera en 2015 par l'organisation de «rencontres sectorielles» avec ces derniers, en remplacement des Assises nationales de la culture, annoncées initialement pour la fin de l'année en cours. Une modification dans la forme des rencontres avec les professionnels a été décidée pour garantir un aspect «opérationnel» de ces rencontres. La ministre a indiqué que des plateformes relatives à chaque domaine ont été élaborées par le ministère de la Culture à partir des «propositions» des professionnels et des axes du programme présidentiel (valorisation du patrimoine, soutien à l'industrie culturelle, accès des citoyens à la culture et formation), a indiqué Mme Labidi. Devant servir de base de travail pour les prochaines rencontres, ces documents seront publiés sur le site Internet du ministère de la Culture «au premier trimestre 2015», a indiqué Mme Labidi. Outre ces démarches visant à impliquer davantage les acteurs sociaux pour l'année qui vient, la ministre a également annoncé une révision de la loi 98-04 sur la protection du patrimoine culturel pour mettre en conformité le texte avec les «réalités du terrain» et les «engagements internationaux» de l'Algérie. Une réflexion sur la procédure de ratification de la convention de l'Unesco sur la promotion et la protection de la diversité des expressions culturelles sera également engagée cette année, selon la ministre. Par ailleurs, réagissant à des appels à la censure et à des menaces publiques récemment lancés contre des intellectuels algériens, la ministre de la Culture a jugé «intolérables» les menaces adressées au cinéaste Lyes Salem, l'écrivain Kamel Daoud et à l'anthropologue Meriem Bouzid-Sababou. «La création artistique ou littéraire et la recherche scientifique ont des spécificités que nous devons protéger», a martelé la ministre dans ce chapitre. La responsable a également jugé tout aussi «intolérable» de ne pas «respecter les valeurs nationales», estimant cependant que le fait de se «retrouver devant une intolérance ne saurait en justifier une autre». Pour la ministre, ces affaires renvoient à une «double exigence» à savoir le respect des valeurs (identitaires, culturelles, religieuses) algériennes et la liberté d'expression. W. S. M./APS