L'Occident à double standard, acquis à la « paix chaude » pour réussir le changement par la voie économique ce que la politique de la canonnière n'a pas accompli dans l'Ile de la liberté, mène la guerre de containment contre la Russie de Poutine menacée d'isolement et vouée au régime des sanctions draconiennes. Kiev veut néanmoins espérer. Dans une conférence de presse, le président ukrainien, Petro Porochenko, a annoncé la reprise des pourparlers engagés avec les présidents Vladimir Poutine, Français Hollande et la chancelière Angela Merkel. « Mon année diplomatique, dira-t-il, commence le 15 janvier 2015 avec une rencontre à Astana (Kazakhstan) dans le format dit de Normandie. » L'ordre du jour et les projets de décision ont été confiés aux ministres des Affaires étrangères pour préparer au mieux cette 3e édition quadripartite qui prend le relais de la première rencontre, initiée en marge des cérémonies de commémoration du Débarquement en Normandie (6 juin 1944), du sommet de Milan tenu en octobre 2014 et des entretiens de Minsk (Biélorussie) programmés les 24 et 25 décembre. Si, jusque-là, Moscou s'en tient à la confirmation du principe de la rencontre d'Astana, sans pour autant s'engager sur la date envisagée par Kiev, le processus peine à démarrer sur des bases consensuelles. Après des négociations « difficiles » qui avaient duré plus de cinq heures à Minsk entre Kiev et les rebelles, avec la participation de la Russie et de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), les pourparlers ont débouché, le 26 décembre, sur l'échange massif des prisonniers (225 séparatistes contre 150 Ukrainiens sur 680 détenus). L'accord est présenté comme le seul résultat tangible des pourparlers au point mort et minés par des divergences basiques entre Kiev, appelant à la « fermeture des frontières » et au « départ des troupes étrangères », et la rébellion revendiquant la « levée du blocus économique » de la zone sous son contrôle. Aux accusations de Kiev, Moscou a toujours démenti toute implication dans le conflit caractérisé par le soutien sans équivoque des puissances occidentales au régime de Porochenko porté au pouvoir par la « révolution de Maidan ». Du cessez-le-feu précaire de Minsk à la trêve éclatée du 9 décembre passé, dédiée au dialogue, la confrontation est toujours de mise. Les premiers morts (3 soldats ukrainiens) ont été recensés, le 29 décembre (soit 3 jours seulement après l'échange de prisonniers). Le président ukrainien souffre des aléas de la pire année jamais connue « depuis la Seconde Guerre mondiale », selon la gouverneure de la Banque centrale, Valeria Gontareva. Le PIB a chuté de 7,5% en 2014, alors que, fin novembre, le taux d'inflation a atteint le seuil drastique de 21%. Les temps de l'austérité ont sonné pour l'Ukraine décrétant, lundi dernier, un budget controversé. Il a été voté à une courte majorité (233 voix sur le minimum requis de 226) par le Parlement en faveur d'une augmentation des crédits pour la défense et la sécurité et la réduction des prestations sociales. Dans le bourbier ukrainien, la Russie de Poutine est la principale cible de l'offensive occidentale, maniant l'arme des sanctions économiques et financières. Obama en est convaincu. Dans un entretien diffusé, lundi, par la radio américaine NPR, cette stratégie commence à porter ses fruits avec l'entrée en récession de l'économie russe, au bout d'une année de crise ukrainienne et de la dégringolade des prix du pétrole.