La Libye qui est au bord d'une guerre totale, inquiète ses voisins. Certains, comme l'Algérie, le Soudan, la Tunisie, l'Egypte, préconisent une solution politique sous les auspices des Nations unies. D'autres, comme le Niger, le Tchad, appellent à une intervention militaire internationale. « Une issue n'est pas possible sans intervention internationale. Au niveau des Nations unies, une résolution doit être prise et elle sera prise, j'en suis convaincu. Elle doit être prise pour sortir de ce chaos qui existe actuellement en Libye », déclare à l'issue d'un entretien avec Jean-Yves Le Drian, le ministre de la Défense français, en tournée dans la région, Mahamadou Issoufou, le président nigérien. Dans la foulée, il avoue ne pas voir ni « comment les milices terroristes qui sont armées vont créer les conditions de la réconciliation entre Libyens, y compris les kadhafistes » ni « comment elles peuvent créer les conditions de l'organisation d'élections libres et transparentes en Libye ». « Tous les pays sont conscients que ce qui se passe en Libye est inacceptable (...), pour une fois, il faut qu'on nous écoute, pour une fois, il faut qu'on nous entende », dit-il encore estimant que les pays de la région qui n'ont pas donné leur avis avant le renversement de Kadhafi, « paient les frais » de l'intervention militaire internationale de 2011 qui a ouvert une véritable boite à Pandore : la Libye a été transformée en un marché à ciel ouvert des armes et un camp d'entrainement pour tous les groupes terroristes. « A trop hésiter, c'est tout le Sahel qui, dans quelques mois, risque de se transformer en chaudron », prévient Issoufou. A Dakar, lors du forum sur la sécurité, le Mali, le Niger, Tchad et le Sénégal ont demandé à la communauté internationale d'intervenir militairement pour mettre fin au chaos en Libye. Quelques jours plus tard, à Nouakchott, le groupe dit des Cinq du Sahel (Tchad, Mali, Mauritanie, Burkina Faso, Niger) a réclamé, lui aussi, une intervention internationale « pour neutraliser les groupes armés ». La France qui estime que la communauté internationale commettrait une erreur « profonde » si elle laissait un « sanctuaire terroriste » se développer en Libye, a installé à Madama, dans le nord-est désertique du Niger, une base militaire. « Ce qui se passe en Libye, c'est ni plus ni moins, sur fond de chaos politique et sécuritaire, que la résurgence d'un sanctuaire terroriste dans l'environnement immédiat du continent européen », a déclaré Le Drian, lors du réveillon devant les militaires français stationnés à N'Djamena. En Libye, où la situation est toujours confuse, les deux gouvernements et Parlements rivaux continuent leur guéguerre par milices interposées. Quatorze soldats et trois civils ont trouvé la mort vendredi lors d'une attaque armée perpétrée contre un point de contrôle de sécurité à Sukna, à 650 kilomètres au sud-est de Tripoli. Il y a une semaine, une agression survenue à Syrte, à 500 kilomètres de Tripoli, a entraîné la mort des 19 soldats. La Libye est face à une « dérive suicidaire qui ne profiterait, au bout du compte, qu'aux seuls groupes terroristes et au crime organisé transnational », met en garde Abdelkader Messahel. Et de poursuivre à l'endroit des va-t-en guerre : « L'Algérie poursuivra, en dépit de l'adversité, sa mission qui consiste à accompagner les forces vives libyennes ayant marqué leur disponibilité à œuvrer pour une solution politique ». Les va-t-en guerre laisseront-ils demain Bernardino Leon, le chef de la mission de l'ONU en Libye, mener à bon port Ghadames II, c'est-à-dire le 2e round du dialogue entre les parties en conflit qui lui ont donné leur accord sur une « feuille de route » ?