mais il n'est pas question pour l'instant d'y envisager une intervention militaire directe, assure dans le Journal du Dimanche le ministre de la Défense français Jean-Yves Le Drian. Dans une interview à paraître dimanche, le ministre estime que "frapper sans solution de sortie politique est stérile. La Libye est indépendante". Il ajoute que "l'on voit apparaître aujourd'hui des points de connexion Daech (acronyme en arabe du groupe Etat Islamique) et des groupes qui se réclamaient jusqu'à présent d'Al-Qaïda dans la zone sahélo-saharienne, notamment à Derna, en Libye, où Daech essaie de prendre la main. Le creuset de cette connexion est en Libye". C'est là que se trouve Belmokhtar (l'un des principaux chefs d'Al-Qaïda au Maghreb islamique) mais aussi Iyad Ag Ghali, le leader d'Ansar-Dine (...) J'ai la conviction que le sujet libyen est devant nous. En 2015, l'Union africaine, les Nations unies et les pays voisins devront se saisir de cette question sécuritaire brûlante ». Réunis le 19 décembre à Nouakchott cinq Etats du Sahel réunis au sein du G5 Sahel (Tchad, Mali, Niger, Mauritanie et Burkina Faso) ont appelé à une intervention internationale « pour neutraliser les groupes armés » en Libye, où le chaos favorise la création de sanctuaires jihadistes qui minent les efforts de stabilisation de la zone. Le G5 Sahel -créé en février- a salué les tentatives des voisins de la Libye et de l'ONU pour « réunir les conditions d'un dialogue entre toutes les parties libyennes à l'exception des groupes terroristes reconnus comme tels ». « Avoir si près de la Méditerranée des organisations terroristes structurées met en cause notre propre sécurité », a ajouté M. Le Drian. « Et avoir des Français qui combattent aux côtés de Daech, également. Je ne distingue pas entre les terroristes. Ce que nous redoutons, c'est une fusion des mouvances qui jusqu'à présent se combattaient : ceux auxquels nous sommes confrontés au Sahel, issus d'Al-Qaïda, et ceux qui se sont regroupés depuis juin sous le califat de Daech ». Ce califat est désormais « une armée terroriste », a-t-il estimé. « 20.000 combattants, des chars repris à l'armée irakienne, des moyens financiers tirés des revenus du pétrole, une technicité au combat et un savoir-faire dans l'utilisation des médias sociaux, tout cela au service d'une volonté de conquête territoriale. Une armée capable de faire de la guérilla urbaine, du terrorisme classique et de la guerre conventionnelle. Oui, nous entrons dans une nouvelle dimension, celle de la militarisation du terrorisme. Elle exige une réponse militaire ».