Cela fait des années que l'on évoque la nécessité de mettre en place le permis de conduire à points pour réduire le nombre d'accidents de la route sans pour autant voir le jour. Hier encore sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale, le chargé de la prévention routière à la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN), le commissaire divisionnaire Ahmed Naït El-Hocine, a remis le sujet sur le tapis en rappelant l'urgence d'instaurer le permis à points. Chose qu'approuve le président de l'Association de prévention des accidents de la route, Mohamed Lazouni, en affirmant, toutefois, que ce système tel qu'il est conçu chez nous ne sera pas efficace. « Ce système existe depuis la Seconde Guerre mondiale. Mais il a été mal copié. On ne peut pas ôter des points aux conducteurs et en même temps procéder au retrait du permis. C'est ou l'un ou l'autre. De plus, on n'a pas encore les infrastructures et les moyens nécessaires pour l'application de ce système », estime-t-il, assurant, encore une fois, que le règlement du problème des accidents de la route ne réside pas dans les sanctions, mais dans la prévention routière. La révision des sanctions, comme l'a suggéré, hier, Naït El-Hocine, n'est pas, pour Lazouni, la panacée. « La solution est d'appliquer la loi relative à l'apprentissage de la prévention routière dans notre système éducatif. C'est mentionné dans l'article 21 de la loi de 1987, qui n'a jamais été appliqué, et ce, en l'absence de décret d'application. Si cela avait été fait, on aurait eu aujourd'hui des conducteurs responsables », soutient-il. Il donne comme exemple ce qu'entreprend la France dans les écoles en matière de prévention routière. Pour être admis dans les auto-écoles françaises, les candidats doivent être munis d'une attestation et d'un brevet de sécurité routière délivrés dans les écoles. C'est ce que Lazouni souhaite pour l'Algérie. « Conduire, c'est toute une éducation, un comportement social. Chez nous, les moniteurs, qui ne sont pas formés dans des instituts spécialisés, apprennent à leurs candidats à manipuler leurs véhicules et non à conduire. Ce n'est pas l'automobile qui apprend au conducteur à conduire ! », assène-t-il. Ce qui signifie, selon lui, que sans une solide formation à la base, l'instauration de conditions rigoureuses pour décrocher le permis de conduire, comme l'a proposé également le commissaire divisionnaire de la DGSN, ne servira à rien. Le président de l'Association de protection et d'orientation des consommateurs et de l'environnement (Apoce), Mustapha Zebdi, estime, pour sa part, que la façon de conduire n'est pas la seule cause des accidents de la route. « Sur le marché, des véhicules qui ne répondent pas aux normes sont commercialisés. Ces véhicules ne circulent pas dans le pays du fabricant alors que la loi relative à l'importation est claire : on n'importe que ce qui est consommé dans le pays d'où on veut importer », note-t-il. D'ailleurs, il a constaté que des véhicules dont la date de fabrication remonte à des années sont sur le marché national. De même que des engins endommagés et d'occasion sont passés pour des véhicules neufs. « Dans l'ancien cahier des charges des concessionnaires, le terme neuf n'est pas défini. Ce qui leur ouvre des options. Ce terme n'est pas défini non plus dans celui établi récemment. Nous estimons encourageante la nouvelle mesure introduite relative aux équipements de sécurité », indique-t-il. Toutefois, Zebdi déplore que l'application de cette mesure soit reportée à 18 mois alors qu'elle était prévue pour janvier. Le président de l'Apoce déplore aussi la libre commercialisation de pièces de rechange contrefaites sur le marché. « En raison de leurs prix bas, ces pièces sont très demandées. Les automobilistes les achètent alors qu'elles peuvent être à l'origine d'accidents de la route », regrette-t-il.