« Insupportable, intolérable et inexplicable ». La présidente de l'Association nationale de soutien aux personnes handicapées El Baraka, Flora Boubergout, n'a pas mâché ses mots, hier, au forum d'El Moudjahid. L'hécatombe enregistrée sur nos routes génère des situations de handicap difficiles et onéreuses en matière de prise en charge. « Celle-ci est chère et les moyens sont défaillants notamment les escarres que notre association traite grâce à l'embauche d'agents médicaux », explique Flora Boubergout pour qui « l'éducation routière doit être intégrée dans le cursus scolaire pour préparer le futur conducteur ». La présidente d'El Baraka n'a pas manqué de relever le cas des commerçants qui squattent les trottoirs. « Beaucoup d'enfants et de personnes âgées ont été fauchés faute de passage pour piétons », a-t-elle déploré. « Des courriers ont été adressés en vain aux communes. Il est impératif de changer de mentalité et songer à prendre en charge sérieusement ce phénomène. Notre pays doit s'engager davantage dans la lutte contre les accidents de la route d'autant que les Nations unies ont décrété 2011-2020, décennie de la prévention routière », a-t-elle affirmé. Flora Boubergout, elle-même victime d'un accident de la circulation, a plaidé pour la réduction du délai de « renouvellement de la chaise roulante destinés aux enfants de 2 à 3 ans ». « La couche destinée aux handicapés victimes des accidents de la route doit être aussi prise en charge par lé sécurité sociale ainsi que la sonde pour préserver la dignité des malades », a-t-elle ajouté. Le président de l'association Tarik Essalama, Mohamed Lazouni, a estimé « qu'avec 4.500 de morts par an, beaucoup de travail reste à faire. Nous sommes des militants de la prévention et nous devons poursuivre les efforts ». Il n'a pas manqué de souligner que « des textes de loi sont promulgués mais faute de décrets d'application, ils restent caducs ». Il citera la loi 87-09 relative à l'intégration de la prévention routière dans l'enseignement et la loi 04-280 rendant obligatoire le port de la ceinture de sécurité à l'arrière de la voiture. Lazouni a proposé la création d'un Fonds de la prévention routière financé par les concessionnaires automobiles et les assurances. Les responsables des sinistres à mettre au service des handicapés Pour mieux lutter contre le terrorisme routier, le Dr. Fethi Benachenhou, membre de l'association El Baraka, préconise le placement des responsables des sinistres dans le service des handicapés afin de s'occupent de l'hygiène de ces patients. Il a fait remarquer que « l'Algérie n'est pas préparée pour ces personnes. Nos hôpitaux sont généralistes ». L'urgence pour Dr. Benachehou réside dans la prise en charge du conducteur. « Un appel est lancé aux sociologues et psychologues pour comprendre l'agissement du conducteur et son comportement ». Le non-respect des textes de loi a été également soulevé par l'intervenant qui se désole que « les normes requises déterminent le nombre de voitures par mètre carré. Or, le marché algérien reste ouvert à des importations à grande échelle ». Les tueries sur nos routes trouvent leur origine dans la formation des conducteurs, la contrefaçon de la pièce de rechange et l'état des routes. Abdelwahab Hamouche, membre de l'association El Baraka, souligne que sur « les 17.000 formateurs, 200 seulement ont été formés à distance ». Mustapha Zebdi, président de l'Association de protection des consommateurs d'Alger (Apoc) a mis en exergue l'absence d'informations détaillées sur les causes des accidents. Il citera le cas d'un trou béant ayant été à l'origine du décès de quatre conductrices à Constantine et la défaillance d'un airbag. Zebdi révélera surtout l'existence « d'un lobby qui vise la non-application des textes de loi relatifs au respect des normes de sécurité ». La lutte contre la mort sur nos routes est, selon les avis unanimes, « l'affaire de tous ».