Fort de son pouvoir symbolique lui donnant tout son impact sur l'opinion publique, l'art et le cinéma en particulier font office d'un palliatif aux résultats moult fois attestés. Enième démonstration : le dernier long métrage, « My love awaits me by the Sea » de la jeune réalisatrice jordanienne, Maïs Darwazah, présenté samedi soir à Alger, à la Cinémathèque, en ouverture de la 4e édition des Journées du film jordanien, un évènement organisé par l'Agence algérienne du rayonnement culturel (AARC) sous l'égide du ministère de la Culture. Qui dit Royaume hachémite dit forcément Palestine. Et c'est de ce pays meurtri par la barbarie israélienne et l'indifférence de la communauté internationale, souvent complice, que traite ce film documentaire plusieurs fois primé (Prix du jury pour le Meilleur long métrage documentaire au Festival du film d'Ismaïlia, Egypte 2013, Prix du Meilleur documentaire section international MedFilm Festival Italie 2013, Golden Linx Award for Best Feature Documentary from New Directors New Films Festival au Portugal). Résister par la poésie, par les larmes, mais surtout par le rêve, tels sont les mots d'ordre de la jeune cinéaste qui a pris ses feuilles et sa caméra - et le premier rôle du film - pour emmener son public dans une traversée humaine foncièrement humaniste où elle parle de son amour, Hassan, un artiste palestinien qu'elle ne retrouvera jamais. Tout au long de sa quête amoureuse sur la sainte terre palestinienne, chantée par des poèmes intenses et des croquis animés, Maïs va de ville en ville, de Beit Lahm à El Qods, de Jaffa jusqu'aux camps de réfugiés installés au pays du Cham, la Syrie (pays lacéré aujourd'hui par la traîtrise régionale et des combines géopolitiques) à la rencontre de gens simples, des jeunes et moins jeunes de la bouche de qui elle étale au grand jour l'insoutenable vécu dans un pays mis sous le joug d'un régime raciste (qui n'a rien à envier à l'apartheid de l'ancienne Afrique du Sud). D'une touche artistique originale, elle laisse défiler une litanie d'images d'une rare cruauté mais ponctuée, de temps à autre, par des scènes de liesse, de résistance et de courage. Tout simplement pour vociférer son cri d'espoir, et le besoin de croire en ses rêves. Née à Amman, Jordanie, en 1975, Maïs Darwazah est graphiste et architecte de formation. Elle débute sa carrière dans le cinéma en réalisant plusieurs courts métrages utilisant des techniques mixtes. Formée à la réalisation documentaire à Edinburgh College of Art, elle réalise ensuite « Take Me Home » (2008), un premier long métrage documentaire avec lequel elle place au cœur de sa démarche documentaire les questions de l'identité et de la transmission. « My Love Awaits by the Sea » est son premier long métrage documentaire pour le cinéma, avec le soutien de l'Arab Fund for Arts and Culture.