Personnalité émérite des arts de l'Ukraine en 2003 et décoré de l'ordre du Saint-Prince Vladimir Legrand en 2005, le maestro, Volodymyr Sheiko, chef et directeur artistique de l'Orchestre symphonique de la radio ukrainienne, est à Alger. Ce n'est pas la première fois. Rencontré avant son passage prévu aujourd'hui au TNA, il a bien voulu répondre à nos questions. Entretien.... Vous avez fêté votre anniversaire à Alger, racontez-nous l'ambiance qui y régnait... A vrai dire, l'Orchestre symphonique national algérien a célébré avec faste et ferveur mon jour d'anniversaire, mes cinquante trois ans. Je m'en souviendrai. Je ne m'attendais pas à cette belle surprise. Il y avait des gâteaux, des boissons sucrées, de la musique... mais surtout beaucoup d'amour. Je dois souligner que j'adore l'altruisme des citoyens algériens, il est tout simplement inégalable. Je suis encore très ému. Vous êtes un habitué de l'Algérie, parlez nous du rapport que vous entretenez avec les musiciens algériens... J'entretiens des rapports très cordiaux avec mes collègues algériens. La preuve, c'est ma septième visite dans ce beau pays. Je dois admettre aussi que le niveau atteint par l'OSN est excellent. Il évolue régulièrement, c'est encourageant. Il est au même niveau que l'Occident. J'aime beaucoup le travail du ministère de la Culture algérien. Il a su maintenir, à travers des évolutions profondes de la société et des alternances politiques, un engagement constant en faveur de l'art et de la culture, aux côtés des acteurs culturels et artistiques. La réaffirmation de cet engagement prend, aujourd'hui, une importance singulière. Des coproductions à l'avenir ? Je souhaite une coproduction entre les deux pays. Nous comptons inviter, au printemps prochain, un groupe de musiciens algériens pour l'organisation d'un concert de musique classique. Mon épouse a déjà dirigé un atelier de master class au profit de la chorale de la clôture du festival international de la musique symphonique à Alger en 2013. De nombreux compositeurs et musiciens ont débuté leur parcours musical dans une chorale d'enfants, était-ce votre cas ? Oui, bien évidemment. C'est un passage obligatoire pour tout artiste. J'ai débuté, à l'âge de six ans, à l'école de musique. Mon passage à la chorale, en présence de plusieurs enfants, m'a permis un meilleur apprentissage de la musique. Parlez nous de l'état actuel de la musique symphonique en Ukraine... Il est vrai que la situation politique en Ukraine est instable mais en musique, tout est normal. Nous organisons et animons régulièrement des activités culturelles en vue de changer notre vie. En bref, le langage de la musique exprime le soutien de l'Ukraine et son espoir ferme pour un avenir heureux des Ukrainiens et, en même temps, essayer de sensibiliser les autres peuples à la situation difficile que l'Ukraine traverse en ce moment. Comment s'est fait le choix du programme du concert que vous allez donner ce soir au TNA ? Nous allons jouer ce soir un programme riche. M. Abdelkader Bouazara, directeur de l'OSN, m'a demandé de choisir un programme varié, festif. On a donc décidé, d'un commun accord, de choisir des morceaux de Tchaïkovski, Khatchatourian, Moussorgski, Verdi, Petrov, Brahms et Johann Strauss. Quelles sont les contraintes techniques que vous rencontrez dans votre métier ? Il faut dire que la crise économique a touché tous les pays d'Europe, et pas seulement notre pays. Les difficultés que nous rencontrons en tant qu'artistes sont liées au facteur financier. Y a-t-il un public pour la musique classique en Ukraine et ce, en dépit de la tendance de la musique actuelle ? Chaque style de musique à son propre public. Nous avons des écoles (étatiques et privées) qui veillent à la préservation et à la sauvegarde de cet art ancestral. Nous avons fidélisé un public connaisseur pour le retour de la paix dans notre pays. Comment définiriez-vous la relation entre la musique classique et la musique contemporaine ? Lorsque j'étais jeune, je jouais plusieurs genres de musique comme le jazz et le rock. Pour moi, je ne fais pas de différence entre les deux musiques. J'adore la note musicale. Selon moi, il existe la bonne et la mauvaise musique. Que pensez-vous de la musique algérienne ? La musique algérienne est très intéressante. J'ai d'ailleurs interprété, à Kiev, aux côtés de musiciens algériens, des textes algériens. Quelles sont vos influences musicales ? J'aime toutes les musiques du monde. Je suis diplômé du Conservatoire d'Etat de Kiev (Ukraine), j'assure le poste de chef d'orchestre principal et directeur artistique de l'Orchestre symphonique de la radio nationale d'Ukraine. Mon parcours artistique m'a permis de prendre la direction de plusieurs orchestres avec lesquels j'ai effectué des tournées à travers le monde Des projets en vue après Alger ? Dès que je rentre en Ukraine, je compte me reposer pour mieux rebondir. J'envisage d'animer un concert avec l'orchestre philharmonique en Ukraine, prévu en février prochain. On interprétera des morceaux de Verdi.