à l'ère des TIC, c'est la grande Toile. A travers ses gigantesques réseaux sociaux, elle a repris ce rôle. Elle offre aux jeunes la possibilité de découvrir et faire découvrir leur pays en quelques clics. S'ils ne « mangent » pas de leurs Canon ou Nikon, Azeddine, Yahia et Zohir devraient bien y penser un jour. Bourrés de talent, ces trois jeunes hommes, rongés jusqu'à l'os par l'amour de la photo, font, parfois sans le savoir, bien plus pour la promo de l'Algérie touristique que certains organismes budgétivores. Comment ? Tout simplement en exploitant leur savoir-faire illustratif dans les espaces multimédias des réseaux sociaux. De retour de Grande Kabylie, où, armés de pied en cap, ils avaient parcouru en - belles - photos, les majestueux monts blancs du Djurdjura, les revoilà entamant la nouvelle année 2015 sur les hauteurs enneigées de l'Atlas blidéen, dans le célèbre parc naturel de Chréa, investi, durant les vacances scolaires, par une masse de touristes. Le bien-fondé du choix du lieu tombe sous le sens, a-t-on envie de dire, l'esthétique naturelle de cette station de ski qui fut, un temps, l'unique en Afrique. Tout y est. D'interminables massifs blanchis par une neige abondante défilent sur fond d'une végétation dont la variété floristique n'est plus à présenter (pins, cèdres...). Tout y est pour faire aimer la région - et par-delà le pays - y compris à ceux qui n'ont pas l'aventure dans le ventre. Paysagiste patenté, à la gâchette artistique, Zohir Mekdas, 35 ans, jubile. « C'est la seconde fois que je viens ici en une semaine. Cet endroit offre une variété inestimable de sujets à photos. Notamment pour les photographes amateurs passionnés de nature et de randonnée ». Soit la même sensation vécue lors de ses précédentes sorties 100% naturelles à Tipasa, Cherchell, Timimoun ou encore Tlemcen. Plaisir grandement partagé par ses deux acolytes rompus, eux aussi, aux aventures pédestres. « Mon coup de foudre pour la photo est survenu lorsque je me suis retrouvé, appareil Reflex à la main, devant le gigantesque barrage d'eau de Bouharoun (Mila). J'y avais pris de belles photos qui m'ont vraiment fait aimer la beauté du lieu. Ce fut aussi le cas lorsque nous étions à Boussaâda considérée comme l'une des plus belles portes de notre grand Sahara. Finalement, cette passion nous aide réellement à découvrir de nombreux sites qui font la beauté de notre pays », fait observer Yahia Bouchboura, 33 ans, qui suit, depuis quelques mois, une formation poussée dans la photographie. Azzedine Touat, 28 ans, n'en pense pas moins. Il remercie le Seigneur d'avoir semé en lui cette passion qui lui ouvre quelques perspectives intéressantes. Tel le travail qu'il prépare actuellement pour un beau livre sur quelques-uns des plus célèbres sites naturels et culturels de l'Algérie. Comme Cuicul, aujourd'hui Djemila, ou Boussaâda. Promo en TIC et en quelques clics Ils ne sont pas les premiers à faire l'expérience, ni les derniers probablement. Mais force est de reconnaître à ces chasseurs d'images, qui comptent dans leur univers d'autres photographes tous aussi talentueux, une façon bien à eux de faire la photo, leurs photos, parce que bien avant l'image, il y a ces liens amicaux qu'ils créent et cette ambiance bon enfant qui égaye leur univers « facebookien ». Chacun y fait montre de sa « moisson » régulière, lorgnant les « j'aime », les « partager » et, surtout, les « commenter » de leurs amis virtuels ou non, sources de leur passion, mais aussi et surtout de leur engagement sur le réseau social. « Si j'ai réussi à faire des progrès dans la photo, c'est bel et bien dans le cadre des sorties photographiques montées que ce soit par des amis ou par des organisateurs ad hoc. Des sorties que nous immortalisons aussi bien par l'ambiance que par les belles prises sur Facebook », observe Azeddine qui tient un petit studio et un club de photographie à la maison des jeunes d'Aïn-Taya qu'il entend transformer en une école de photographie. Ce projet emballe Yahia. Il se voit déjà donner des cours de base aux... futurs chasseurs d'images. Ce technicien supérieur en climatisation, venu tardivement au monde de l'image, reconnaît, volontiers, que Facebook a été pour beaucoup dans sa carrière de photographe amateur. Il insiste à le faire savoir à tout le monde. « Les sorties photographiques répercutées sur Facebook m'ont plus introduit dans les milieux de la photographie qu'appris les techniques. Toujours est-il que l'expérience est positive à plus d'un titre. La preuve, je continue à sortir avec mes amis proches à ce jour », soutient ce mordu de l'image qui rêve de monter un magasin de vente d'appareils photo et d'accessoires. Quant à Zohir, qui gère une boîte œuvrant dans la pub et la com, inutile de lui ressasser des lapalissades. Ce spécialiste du paysage ne se limite pas seulement à Facebook ou aux sites web qui affichent les meilleures prises au monde pour étaler ses œuvres. « J'ai organisé et pris part à deux expositions photographiques dont les thèmes étaient étroitement liés à la nature, dont la dernière s'est déroulée il y a quelques jours au niveau de Riadh el Feth », nous dit-il. Bien que distincts dans leur philosophie, ce trio qui partage la passion de la photo, a, faut-il le rappeler, un mérite et pas des moindres : faire sortir de l'anonymat des endroits et faire connaître des sites touristiques, une mission qu'ils accomplissent, avec d'autres groupes spécialisés dans la photo présents sur la Toile, mieux, mille fois mieux que certaines structures, publiques ou non, créées théoriquement pour « vendre » l'image de ces sites et de l'Algérie.