Aziz Nafa est économiste et chercheur au Centre de recherche en économie appliquée et développement (CREAD). Il a mené une étude sur l'impact de l'Internet sur la société algérienne. Conclusion : le nouveau monde virtuel n'a aucune frontière, aucun terrain géographique et surtout il n'appartient à personne. Quel est l'impact de facebook sur les jeunes ? Facebook, ce sont des réseaux sociaux qui se sont formés ou des communautés qui occupaient Internet qu'on appelle « communautiques » c'est-à-dire groupement pour des thématiques, des passions, des intérêts bref tout ce qui rapproche ses utilisateurs de leur sensibilité commune (musique, problèmes de santé, sorties …etc.) sur facebook, twitter, dealymotion, mayspace pour ne citer que les plus importants. En résumé les facebookers, les twitters sont des communautés de citoyens qui recherchent la liberté, un espace d'échange où toute action est libre sans qu'il y ait au préalable un contrôle. En fait, on jouit d'une place importante qu'on ne peut avoir dans le monde réel. Et c'est pour ces raisons qu'Internet intéresse les pouvoirs publics qui souhaitent s'en approprier pour le contrôler. Les industriels et les commerçants qui veulent faire de ce nouveau monde pour leurs transactions (marché virtuel pour augmenter leur part de marché, le chiffre d'affaire et un meilleur positionnement sur le marché mondial). Justement, comment interprétez-vous le succès de facebook, notamment auprès des jeunes ? Quant on parle d'Internet, on fait référence au moi intime et au moi social, car dans la vie réelle le moi social prime sur le moi intime. On cherche à connaître la personne par rapport à son physique, sa formation pour l'approcher. A partir de là, on cherche le moi intime c'est-à-dire les hobbys. Dans le virtuel, c'est l'inverse qui se produit. On ne cherche pas la couleur de la peau, la tendance religieuse et politique encore moins la catégorie sociale mais d'abord le moi intime. C'est l'idée qui concourt pour ramener les personnes à converger et se regrouper et le « tchat » viens dans ce sens. D'ailleurs, plusieurs personnes se sont rencontrées grâce au tchat et ont fondé leur foyer. Les jeunes algériens se retrouvent isolés du fait qu'ils ne voyagent pas et n'ont pas de liberté de mouvement, donc pas de possibilité de rentrer en contact avec des personnes d'horizons divers. Par l'Internet, des réseaux sociaux notamment le réseau facebook, twitter, youtube, ont facilité ces échanges. Ces regroupements d'intérêts communs ont permis à beaucoup d'algériens de «voyager», de connaître d'autres cultures et de s'inscrire dans des débats tout en restant chez eux. Mais il y a aussi le revers de la médaille, on peut devenir accro à Internet et donc à un monde virtuel C'est vrai il y a beaucoup d'accros à Internet. Il y a des réseaux sociaux, des jeux, des échanges de photos, selon l'âge, la catégorie sociale. Les jeunes sont de plus en plus nombreux à occuper cet espace. D'ailleurs, une enquête a été réalisée, récemment, par Med Com et Idealtic sur les internautes algériens. Il ressort que sur un échantillon de 18 000 personnes, ce sont les jeunes qui vont de plus en plus vers la toile. Est-ce une bonne chose pour ces jeunes ? Oui, bien sûr. C'est une bonne chose car il y a un impact positif sur la culture de la personne. Cela permet d'apprendre de plus en plus de choses sur le monde tout en restant sur sa chaise ; d'apprendre par exemple d'autres langues. En tchatant avec un suédois, le jeune chercherait à apprendre l'anglais pour mieux communiquer, à améliorer son langage. L'autre point positif est la forme d'évasion pour combler les carences au niveau des relations sociales. Concernant le coté négatif, l'Internet peut influencer les jeunes à s'inscrire dans des pratiques autres que celles de leur éducation. A l'âge de l'adolescence Internet intervient dans le changement identitaire. La cybercriminalité est la forme la plus évidente. Les jeunes sont exposés aux cybercriminels qui « vadrouillent » dans la toile et il se trouve que les adolescents sont les plus vulnérables. Heureusement qu'il y a des logiciels pour les parents pour protéger leurs enfants. Mais Internet restera un outil de communication et d'information incontournable… Effectivement, et nous sommes en retard dans plusieurs domaines d'application par rapport à nos voisins. C'est une nouvelle forme d'organisation sociale et économique qui s'inscrit dans ce mouvement du monde virtuel qui est en train de s'organiser sur le plan économique. A l'avenir, le recrutement pour un poste de travail se fera par connaissance des réseaux sociaux. Pour qu'ils deviennent réels à l'avenir, les achats, les transactions, seront démocratisés. D'autant que les ambitions politiques de «E. Algérie 2013» sont l'utilisation d'Internet pour faciliter son accès à tous les citoyens.