Le recours au marché obligataire a obligé des entreprises telles Air Algérie et la Sonelgaz à adopter « plus de transparence et de donner plus d'informations sur leurs comptes », a estimé, hier, Liès Kerrar, expert financier et membre du Forum des chefs d'entreprise (FCE) et du Cercle de réflexion sur l'entreprise (Care), lors d'une conférence sur la gouvernance des entreprises publiques. C'est à l'initiative du Care qu'a été débattue la question, et ce, dans « le contexte du développement du marché financier ». Les règles de bonne gouvernance, on en parle beaucoup et en 2006, un groupe de réflexion a été installé, sous la houlette du FCE et de l'association des producteurs de boissons pour mettre en place une charte de l'éthique et un institut de gouvernance de l'entreprise. Car certains estiment que la gouvernance, qui signifie transparence, équité et responsabilité, est absente au sein de nos entreprises, notamment publiques, alors que les laboratoires Saïdal ont été, en raison de leur ouverture au partenariat, un des exemples que l'on peut citer à cet effet. Ce groupe de production de médicaments, une des quatre entreprises cotées en Bourse, et ayant des joint-ventures avec des groupes étrangers, a été obligé de s'ouvrir et d'adopter depuis 2012 ces principes qui ont été, selon son PDG, Boumediène Derkaoui, un « facteur de confiance, de mobilisation » autour des objectifs de l'entreprise. D'ailleurs, selon le patron de Saïdal, les partenaires étrangers, à l'image du danois Novordisk, vous glissent en annexe des dispositions sur l'éthique. Si l'on ne pouvait pas parler, il y a une quinzaine d'années, de cette question, c'est tout simplement parce que « les entreprises publiques étaient vouées à la privatisation », explique cet ancien responsable au ministère de l'Industrie et d'un holding. La bonne gouvernance sera remise au goût du jour à partir de 2009 quand l'Etat décide d'injecter beaucoup d'argent pour revitaliser sa base industrielle. « Même si c'est avec un peu de retard, on commence à prendre acte aujourd'hui de la nécessité de mettre en place les règles de la bonne gouvernance qui aident à rétablir la confiance et créent plus d'attractivité chez nos partenaires », ajoute le PDG de Saïdal. Les règles de bonne gouvernance ont été expliquées par Nacer Bourenane, consultant au niveau de la Banque africaine de développement, et a parlé de plusieurs expériences en Afrique du Sud, en Chine et ailleurs. Le problème de gouvernance des entreprises publiques « n'est pas spécifique à l'Algérie, il se pose un peu partout dans le monde », précise Bourenane pour qui « le principe de la séparation entre l'Etat propriétaire et l'Etat actionnaire est primordial ». Des pays optent, par exemple, pour un mémorandum d'entente entre l'Etat et l'entreprise. Dans ce cas, il a cité la question du bon choix de l'administrateur selon « les critères de compétence et de mérite » ainsi que la séparation entre la gestion et la supervision. Pour Bourenane, l'accès au marché financier, à la Bourse, est conditionné par le respect des règles de bonne pratique. Ce dernier a regretté que l'on ne dispose pas, par exemple, sur internet des informations sur les entreprises algériennes, surtout celles cotées en Bourse et qui permettent de suivre l'évolution de l'action depuis son émission. « Les informations publiées sont vraiment lapidaires », a-t-il commenté Intervenant dans les débats, un cadre a estimé que la question de la gouvernance devra clarifier les rapports de l'entreprise avec l'Etat. Selon lui, il y a des groupes qui, à l'image des opérateurs de téléphonie mobile, pratiquent ces règles « mais dont on ne parle malheureusement pas ».