L'Assemblée des représentants du peuple (ARP) tunisienne ne se réunira pas ce matin comme prévu mais à une date ultérieure pour se prononcer sur le gouvernement de Habib Essid, dont la composition (24 ministres dont 3 femmes, un secrétaire général du gouvernement et 14 secrétaires d'Etat dont 6 femmes) a fait polémique avant même son annonce officielle. Sans Ennahdha, le Front populaire, Afek Tounès et El Moubadara, la majorité n'est pas acquise. Nidaâ Tounès (86 sièges) et son principal allié, l'Union patriotique libre (16 sièges) n'ont que 102 voix sur les 217 de l'Assemblée. Si ce gouvernement n'obtient pas la confiance d'au moins 109 députés, le président Béji Caïd Essebsi pourra charger une seconde fois Habib Essid de former une nouvelle équipe. Ennahdha, le parti islamiste, qui a fait des offres de service à Nidaâ Tounès, son rival, rue dans les brancards depuis la décision du Premier ministre de l'exclure dans la formation du gouvernement de « compétences nationales ». Mot d'ordre du majliss echoura de la deuxième force politique du pays à ses 69 députés : votez contre le gouvernement qui « ne représente pas la diversité de la scène politique (...) et ne répond pas aux exigences de cette étape qui nécessite des réformes primordiales pour l'avenir du pays ». Le Front populaire (15 sièges), Afek Tounès (8 sièges) et Moubadara (3 sièges) n'y figurent pas aussi dans l'équipe de Habib Essid, un « indépendant » qui fut ministre de l'Intérieur après la révolution de 2011 après avoir eu des responsabilités sous Ben Ali. Ces partis qui ont soutenu la candidature de BCE à la présidentielle et contribué activement à sa campagne électorale n'ont pas apprécié cette éviction. Ils ont annoncé qu'ils n'accorderaient pas leur confiance au gouvernement. « Nous n'allons pas voter pour ce gouvernement. Nous allons nous expliquer davantage sur notre position à l'Assemblée », a indiqué Noomane Fehri, un député d'Afek Tounès, pressenti, un moment, pour le ministère du Tourisme. Comme les dirigeants des autres partis, il estime que « le peuple qui a élu des partis ne peut aucunement être satisfait par ce choix ». Le Front populaire avance un autre argument. « Ce gouvernement comporte des symboles de l'ancien régime », dit-il. Le Congrès pour la république a décidé, lui aussi, de ne pas accorder sa confiance au gouvernement.