Photo : Slimene S.A. L'inéquation entre les relations de travail et les coutumes a encore une fois perturbé le cours normal de l'activité principalement dans le secteur de l'enseignement. Bien que le ministère de l'Education nationale ait déjà mis en garde contre les absences non justifiées au troisième jour de l'Aïd, certains enseignants ont observé le pont allongeant leur droit au repos à l'occasion de cette fête religieuse. Autre grand manquant : les élèves. Ainsi, les établissements scolaires ont enregistré des absences record obligeant les enseignants à ajourner les cours prévus. La séance s'est limitée à quelques exercices et la remise des notes du deuxième devoir. C'est le cas dans le collège Ismaïl Yefsah 2 (Bab Ezzouar) où dans une classe de 1ère année moyenne, 16 élèves n'ont pas répondu présents, alors que dans les classes des 2e et 3e année moyenne étaient à moitié pleines. Même cas au CEM Abtout à El Biar. Là aussi beaucoup de collégiens n'ont pas fait acte de présence. Le secrétariat général de l'Académie d'El Harrach, qui poursuit l'opération d'estimation des absences, affirme que celles-ci ont concerné beaucoup plus les élèves que les enseignants. « Certains établissements ont enregistré entre 300 et 400 absences d'élèves », nous dit-on. Pour M. Dziri, président de l'Union nationale des professeurs de l'enseignement fondamental (UNPEF), cet état de fait était attendu. « Ces absences étaient prévisibles d'où notre demande d'effectuer le pont en bonne et due forme mais notre requête a été refusée. Pourtant ce genre de situation a toujours été observée dans les établissements sans qu'il y ait un effet d'annonce », soutient-il. Même avis du Conseil national des professeurs de l'enseignement scientifique et technique (Cnapest). « Nous sommes perdants. La réalité est là, les absences d'élèves ont dépassé les 50 % dans certains établissements car il ne faut pas omettre que nos coutumes font que nous passons nos fêtes religieuses en famille et ceux qui sont originaires de l'intérieur du pays ont dû s'absenter, chose que j'approuve car ils pourront récupérer la journée et effectuer les cours normalement contrairement à ceux qui étaient présents et qui faute d'élèves se sont contentés de réviser ou de remettre des notes des devoirs », explique M. Nouar. « Les enseignants ont agi de façon pédagogique. Maintenant c'est au ministère de faire de même et d'assurer une scolarité stable », estime-t-il. Concernant l'absence des professeurs et la mise en application de la directive du ministère sur cette question, M. Dziri affirme que le code du travail est clair sur les absences. « Le travailleur a droit à 24 demi-journées d'absence durant l'année. Or cette disposition n'est pas appliquée à notre secteur », précise-t-il. Pour M%. Karim Boudjenah, président du Syndicat national des travailleurs de l'enseignement (SNTE), cette situation aurait pu être évitée « si la lettre officielle adressée par le SNTE au ministère lui demandant de différer la journée de jeudi pour le samedi ou un autre jour a été prise en considération ». Réponse du ministre que le syndicaliste a rencontré jeudi : « Le ministère ne peut se substituer à la Fonction publique et de ce fait ne dispose pas de prérogatives pour décider d'effectuer un pont ». Pour M. Boudjenah, le jeudi a été « une journée fiasco, d'autant que les professeurs ayant enseigné ce jour-là, ne veulent pas refaire les cours pour les absents », observe-t-il tout en déplorant « l'inexistence d'une coordination entre les syndicats pour des requêtes communes ». Mais pour ce qui est de la retenue de trois jours sur le salaire des enseignants absents le jeudi, le président de la SNTE estime que « cette ponction est normale et celui qui s'est absenté doit assumer ses responsabilités ». Un avis que ne partage pas le président de la ligue des parents d'élèves, Khaled Ahmed qui demande à la tutelle de revenir sur la décision de retenue sur salaire afin de « ne pas jeter encore une fois l'école algérienne dans la spirale des grèves ».