Photo : Riad Par Karima Mokrani Le ministre de l'Education nationale, Boubekeur Benbouzid, affiche son inquiétude par rapport aux nouvelles menaces de grève, brandies par des syndicats du secteur. Ceux-là mêmes qui étaient les premiers à lancer un appel à l'arrêt du mouvement de trois semaines, qualifié d'historique, observé en novembre dernier. Dans une lettre adressée à la communauté éducative, le ministre exprime son désarroi : «Les dégâts de la grève de trois semaines, lancée le 8 novembre 2009, et ayant affecté le programme pédagogique, notamment les classes d'examen, ne sont pas encore rattrapés que le spectre d'une nouvelle grève est de nouveau agité». Benbouzid considère «injustifié» un nouveau débrayage «aux conséquences incalculables, aussi bien sur les élèves et leurs parents que sur toute la famille éducative dans son ensemble». Et pour cause ! Selon le ministre, le dossier du régime indemnitaire est en voie de finalisation au niveau du gouvernement. Il a été discuté et étudié par le groupe de travail mixte MEN/Syndicats, mis en place le 17 novembre 2009 et les propositions dégagées soumises à la commission ad hoc, installée par le gouvernement, le mois suivant. Dans cette lettre adressée à la communauté éducative, le ministre indiquera que les décisions du gouvernement seront annoncées prochainement. En attendant, assurera-t-il, la revalorisation des salaires, avec effet rétroactif, est acquise : «L'effet rétroactif concernera toutes les primes et indemnités y compris l'indemnité d'expérience professionnelle et pédagogique (IEPP) et l'indemnité d'amélioration des performances pédagogiques (IAPP) à partir de janvier 2008». Le représentant du gouvernement rappellera qu'il s'est engagé par un communiqué rendu public le 15 novembre 2009 à répondre favorablement aux revendications, celles concernant notamment cette revalorisation des salaires avec effet rétroactif à partir de janvier 2008. Les choses semblent donc prendre leur cours normal. C'est juste une question de temps pour terminer tout le travail et mettre en application les nouvelles décisions : «Aussi, quand bien même ce dossier a déjà été finalisé au sein du groupe de travail MEN/Syndicats, il est de l'intérêt des enseignants d'accorder aux pouvoirs publics le temps nécessaire d'une décision devant s'insérer dans le processus global de valorisation des salaires de l'ensemble des agents de la fonction publique». Convaincu d'avoir fait le nécessaire pour tenir ses engagements devant les enseignants, le ministre se voit dans le droit de s'interroger sur ce qui se cache derrière ces nouvelles menaces de grève : «Lorsque l'on considère que le ministère de l'Education nationale est le premier secteur à avoir élaboré, en associant l'ensemble des partenaires socioprofessionnels, un projet de régime indemnitaire allant dans le sens de l'amélioration de la condition salariale des enseignants, l'on ne peut que s'interroger sur les véritables motifs de ces menaces.» Pour le ministre, «rien ne peut justifier le recours à une grève supplémentaire qui aura pour conséquence une diminution irrémédiable des capacités des élèves à faire face aux examens annoncés». Il regrette alors que son secteur «soit continuellement contraint à faire face, de manière récurrente, à des actions aussi extrêmes que les grèves». Boubekeur Benbouzid ne demande pas clairement aux enseignants de ne pas répondre aux appels des syndicats mais met en garde contre les conséquences de nouvelles perturbations sur l'avenir des élèves. Des conséquences qui pourraient, en effet, être plus lourdes, sachant que le rattrapage des cours perdus pendant la grève du mois de novembre se fait actuellement dans des conditions qui n'arrangent ni les enseignants ni les élèves. Les parents sont encore plus irrités par cette situation qui ne fait que perdurer. Pour rappel, plusieurs syndicats ont brandi la menace de reprendre la protestation. A leur tête, le SNAPEST (Syndicat national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique) qui parle d'une grève d'une semaine reconductible à partir de mardi prochain, 16 février. Pourtant, comme susmentionné, il était le premier à «casser» une grève qualifiée d'historique dans toute l'histoire de l'Education nationale en Algérie, ayant mobilisé tous les syndicats autour d'elle. Son porte-parole, Meziane Meriane, avait assuré de la bonne volonté du ministère à résoudre tous les problèmes du secteur. Un engagement écrit a été conclu entre les deux parties, ainsi qu'avec d'autres syndicats ayant participé à la grève. Pourquoi ce changement de position ? Le représentant du SNAPEST répondra aux questions des journalistes, aujourd'hui, lors une conférence de presse prévue à Alger.