Une centaine de robes noires de différents tribunaux d'Alger ont pris part à ce sit-in d'une heure, à l'appel de leur Conseil de l'ordre. Le rassemblement, qui a commencé vers 10h, a pris fin une demi-heure plus tard. Le bâtonnier d'Alger, Abdelmadjid Sellini, a précisé que le Conseil de l'ordre des avocats d'Alger a opté finalement pour un rassemblement au lieu du boycott des audiences suite aux mesures prises par le commandement de la police de la wilaya d'Alger. « On a décidé d'organiser ce mouvement pour exprimer notre refus de tout comportement constitueant une atteinte au métier de la défense. Le Conseil de l'ordre avait décidé de boycotter toutes les audiences dans l'ensemble des tribunaux de la wilaya d'Alger mais suite aux sanctions prises par le chef de sûreté de la wilaya d'Alger, nous avons opté pour l'apaisement en organisant un rassemblement », a-t-il indiqué. Pour Me Sellini, « la profession de la défense doit être protégée, respectée et valorisée ». « Qu'un avocat soit agressé à l'intérieur d'un tribunal est un incident grave et une première. Nous faisons face quotidiennement à des dépassements de la part des magistrats, des greffiers et des agents. Les violations du droit à la défense sont devenues légion dans les tribunaux, comme le refus fait aux avocats d'accéder aux dossiers des prévenus », a-t-il affirmé. Le bâtonnier d'Alger a exigé la cessation de ces agissements. « Nous n'accepterons jamais qu'un avocat ou une avocate soient humiliés ou malmenés. Le respect de la défense relève de la défense de la justice », a-t-il souligné. Lors d'un point de presse, Me Sellini est revenu sur l'incident de jeudi dernier. « Un avocat a été victime d'une agression. Il a été malmené par des agents de la police. Quand j'ai saisi l'officier de police, il m'a répondu avec des injures », a-t-il raconté. A l'origine de ce problème, l'interdiction par un policier à Me Zakaria KH. d'entrer dans la salle d'audience sous prétexte que l'avocat ne portait pas sa robe noire. « Ce ne sont pas les des prérogatives du policier. Le président de l'audience est le policier de la salle et personne d'autre », a rappelé Me Sellini avant de préciser que le port de la robe noire n'est pas obligatoire que lors de la plaidoirie devant le tribunal ou devant le juge d'instruction, selon la réglementation et le code de la procédure pénale. Le conférencier a salué la réaction de la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN) qui a contacté l'ordre des avocats et reconnu la gravité du comportement de ses fonctionnaires. « Les responsables de la police d'Alger ont présenté leurs excuses au conseil des avocats et à la victime. Ils ont affirmé leur disponibilité à le faire publiquement lors d'une réunion du conseil. Les trois policiers mis en cause dont l'officier ont été sanctionnés et mutés de la Cour d'Alger. C'est très positif », a-t-il précisé. Suite au rassemblement, le Conseil des avocats a tenu une réunion avec le procureur général et le président de la Cour d'Alger concernant la dégradation des conditions d'exercice de leur profession. « On a reçu des assurances pour mieux protéger et respecter la profession », a déclaré le bâtonnier. Les robes noires ont saisi cette occasion pour dénoncer les conditions d'exercice du métier. « On doit attendre six mois pour renouveler notre carte professionnelle.Il faut aussi évoquer le cas des avocats, stagiaires durant deux années dans des cabinets, sans salaire », ont déploré, hier, des avocats rencontrés sur place. Par ailleurs, le bâtonnier Abdelmadjid Sellini a été malmené par les filles d'un avocat suspendu en l'occurrence Me Amara Mohcen. Ces dernières ont saisi l'occasion du rassemblement pour dénoncer « l'abus de pouvoir du bâtonnier à l'égard de leur père incarcéré durant 10 jours à la prison de Serkadji ». L'avocat mis en cause a été jugé et suspendu suite aux injures proférées contre Me Sellini.