Comme partout à travers le pays, le cancer du sein s'avère, à Boumerdès, pour reprendre les déclarations de nombreux médecins, spécialistes et techniciens, « un réel et coûteux problème de santé publique ». Si des statistiques précises n'ont pas été divulguées, les cas relevés au niveau des structures de santé seraient en augmentation. Un constat teinté d'amertume a été établi, hier, lors d'une journée d'information et de sensibilisation autour de cette maladie organisée par l'association Errahma en collaboration avec la direction de la santé et de la population. Le paradoxe de Boumerdès, située à 50 km d'Alger, est surtout dans l'inexistence d'un hôpital digne de son rang et de sa réputation. Hormis l'orthopédie assurée dans ce qui s'apparente à une polyclinique, les consultations spécialisées en gynéco, neurochirurgie ou cardiologie sont concentrées à l'hôpital de Thenia. Pour les soins en radiothérapie nécessaires aux cancéreux, il faut se déplacer vers le CHU Mustapha-Pacha ou le CAC de Blida. « C'est la croix et la bannière surtout pour ceux qui n'en ont pas les moyens », confie Mme Razi. L'association qu'elle préside, qui, pour la première fois, vient de bénéficier d'une subvention de l'APW, peut toutefois compter sur la disponibilité du corps médical. Elle ne baisse pour autant les bras. « Ce n'est pas la première action que nous organisons des journées d'étude », précise Mme Razi. Elle évoquera une première journée en présence du professeur Bouzid du CPMC, une sortie à Zemmouri et les séances de dépistage assurées gratuitement pour une cinquantaine de femmes en octobre 2014. La manifestation d'hier, qui s'est tenue dans une salle de la maison de la culture Rachid-Mimouni, a réuni de nombreux praticiens de la santé. Y furent conviés des médecins venus notamment des deux structures qui, au niveau de cette wilaya, disposent de service d'oncologie assurant un suivi en chimiothérapie. On compte en réalité moins de 15 lits (six à l'EPHS de Bordj Menaiel et huit au niveau de l'hôpital de Dellys). Le docteur Mazouzi, oncologue à Bordj Menaiel, reconnaîtra que si les médicaments ne manquent pas, la structure n'offre pas toutes les conditions. Les deux salles sont implantées au sein du service des urgences. « Nous avons suivi l'an dernier 51 malades dont la moitié proviennent d'autres wilayas », a-t-elle affirmé. Ce service d'oncologie devrait toutefois, assure Saïd Ouabbas, le directeur de l'établissement, déménager bientôt dans le service pédiatrie qui, selon lui, « bénéficiera bientôt de nouveaux locaux ». Le docteur Dahmani de l'EPHS de Dellys relèvera, pour sa part, « la pénurie de quelques médicaments ». Les médecins qui se sont relayés jusqu'en début d'après-midi ont rappelé surtout que la détection précoce permet une prise en charge et réduit la mortalité. Ils ont abondamment, avec un sens de la pédagogie avéré, expliqué les modalités d'utilisation des appareils d'imagerie et celles de la prise en charge des malades sur les plans médical et psychologique. Plutôt que de doter les structures de la santé de mammographes qui pourraient pâtir de la rareté de personnel, le professeur Kanoun a plaidé pour la mise en place d'un centre de dépistage.