L'Italie réanime l'option de l'intervention militaire en Libye et rappelle à l'Europe, préoccupée par le front ukrainien, sa responsabilité sur le front méditerranéen. En moins de 72 heures, quatre de ses dirigeants sont montés au créneau pour affirmer qu'il est « devenu urgent » pour leur pays d'arrêter la progression des terroristes à 350 km de leurs côtes. « L'Italie est prête à guider en Libye une coalition de pays de la région, européens et de l'Afrique du Nord, pour arrêter la progression du califat qui est parvenu à 350 km de nos côtes », a déclaré dans une interview au quotidien Il Messaggero, Roberta Pinotti, la ministre de la Défense. « Si en Afghanistan, nous avons envoyé jusqu'à 5.000 hommes, dans un pays comme la Libye qui nous concerne de bien plus près et où le risque de dégradation est bien plus préoccupant pour l'Italie, notre mission peut être significative et consistante, aussi en ce qui concerne les effectifs », dit-elle. Et de révéler : « Nous en discutons depuis des mois, mais c'est devenu urgent » et « Paolo Gentiloni, le ministre des Affaires étrangères, fournira jeudi des informations et des évaluations » au Parlement. « Le risque est imminent, on ne peut attendre au-delà. L'Italie a des exigences de défense nationale, ne pas voir un califat qui gouverne sur la côte d'en face. Mais nous voulons nous coordonner avec d'autres dans un système de légalité internationale », ajoute-t-elle. Roberta Pinotti, qui ne donne aucun détail sur le type d'intervention qu'elle envisage, n'exclut pas l'arrivée en Italie de terroristes à bord des canots transportant des clandestins. La déclaration de la patronne de la Défense n'est pas orpheline. Elle a pris le relais de celle du président du Conseil, Matteo Renzi. « Nous avons dit à l'Europe et à la communauté internationale que nous devons cesser de dormir (...). Il faut une mission plus forte de l'ONU. L'Italie est prête, dans le cadre d'une mission de l'ONU, à remplir son rôle pour défendre une idée de la liberté dans la région méditerranéenne », a-t-il déclaré, samedi soir, à la chaîne publique TG 1. La veille, Paolo Gentiloni a jugé dans une interview à la chaîne SkyTg24 qu'il fallait « se poser, avec les Nations unies, la question d'entreprendre quelque chose de plus si une médiation ne peut être trouvée » entre les belligérants. Et de préciser : « L'Italie est prête à combattre dans le cadre de la légalité internationale. » Angelino Alfano, le ministre italien de l'Intérieur, a dénoncé, quant à lui, le risque qu'un califat islamique aux portes de l'Italie. « Sans une rapide mobilisation générale pour la Libye, nous assisterons à d'autres tragédies en mer et à l'installation d'un califat islamique à quelques miles nautiques de nos côtes qui sont italiennes et européennes », dit-il, cité par l'agence AGI. En décembre dernier, lors d'un forum sur la sécurité à Dakar, le Mali, le Tchad et le Sénégal ont demandé à la communauté internationale d'intervenir militairement en Libye pour mettre fin au chaos. « Tous les pays sont conscients que ce qui se passe en Libye est inacceptable (...), pour une fois, il faut qu'on nous écoute, pour une fois, il faut qu'on nous entende », a dit le président nigérien pour qui les pays de la région « paient les frais » de l'intervention militaire internationale de 2011 qui a mis fin au régime de Khadafi. Selon Aref Ali Nayed, conseiller du Premier ministre libyen Abdullah al-Thani, Daech est actif dans sept villes.