Après s'être échappé dans la matinée de la résidence de Sanaâ où il était assigné depuis l'annonce de sa démission le 22 janvier par les miliciens houthis, pour rejoindre Aden, sa ville d'origine, Abd-Rabbou Mansour Hadi a signé samedi soir un communiqué en tant que « président de la République du Yémen ». Il affirme qu'il a « démissionné sous la pression des Houthis ». Hadi, qui exhorte la communauté internationale à « rejeter le coup d'Etat », a décrété « toutes les mesures » prises par les Houthis depuis leur entrée dans Sanaâ le 21 septembre comme « nulles et non avenues ». Il a par ailleurs appelé à la poursuite du processus politique et du dialogue national à Aden ou dans la province de Taëz, jusqu'à ce que Sanaâ redevienne « une capitale sûre ». Il réclame en outre de libérer son Premier ministre, Khaled Bahah, et d'autres responsables, tous assignés à résidence. Deux grandes formations politiques, opposées au coup de force houthi, le parti islamiste d'El Islah et le Parti nassérien, ont salué son communiqué et ont demandé à Hadi d'exercer ses prérogatives de Président qu'il a ré-entamées, hier, par une réunion avec un certain nombre de gouverneurs. Son apparition a également été saluée par la rue dans plusieurs villes. Des centaines de personnes ont notamment défilé dans la journée de samedi à Sanaâ, Taëz et dans la province d'Ibb (centre). Dans ces régions sunnites, on a levé des slogans appelant à la libération de la capitale de la milice chiite. Les Houthis, dont le bastion se trouve à Saâda dans le nord, ont rendu public un communiqué accusant l'ex-chef de l'Etat de travailler pour des intérêts étrangers. Selon Ali Al Kahoum, membre du bureau politique du mouvement, Hadi s'est déguisé pour pouvoir quitter son domicile. Il a estimé que sa présence n'a aucune importance. Pour d'autres, elle pèse. Les discussions qui se déroulaient sous l'égide de l'ONU ont été suspendues malgré leur avancée. « La situation politique et le rapport de forces ont changé avec l'arrivée de Hadi à Aden », souligne la ministre de l'Information du gouvernement démissionnaire, Nadia Sakkaf. Dans sa première réaction, l'ONU, qui favorise le dialogue, a démenti les déclarations selon lesquelles elle avait appelé au transfert à Aden de celui qui était considéré comme président démissionnaire.