Le metteur en scène et les comédiens du théâtre régional de Constantine (TRC) mettent la dernière main, sur la scène flambant neuve de cet établissement culturel en cours de réhabilitation, au montage de la pièce « Salah-Bey » du dramaturge Saïd Boulmerka. Cette œuvre, écrite en prose rimée, est inspirée, selon l'auteur, de documents authentifiés se rapportant à la vie des Constantinois sous le règne de Salah Bey et, à travers lui, celle des communautés arabe, turque et juive qui vivaient sur le Vieux Rocher. Déclinée dans un arabe dialectal, celui-là même que l'on parlait à l'époque du beylicat de l'Est, cette pièce, choisie pour inaugurer, le 23 avril prochain, le volet « théâtre » de la manifestation « Constantine, capitale 2015 de la culture arabe », relate l'histoire du Bey Salah, né à Izmir, en Turquie et arrivée à Alger à l'âge de 16 ans où il exerça le métier de serveur au café de la Marine, fréquenté par les janissaires et les corsaires. Le courage et l'intelligence du jeune Salah, engagé dans la milice, lui valurent de grimper rapidement dans la hiérarchie militaire pour devenir officier, avant d'être muté à Constantine où il se maria avec la fille du Bey de l'époque. Sa contribution héroïque et déterminante dans la défense, à l'appel du Dey Osman Pacha, de la régence d'Alger que les Espagnols tentaient d'envahir, lui avait valu l'estime de ce dernier qui n'avait pas tardé à l'investir à la tête du beylicat de Constantine. La pièce théâtrale, mise en scène par Tayeb Dehimi, est constituée de plusieurs plateaux traitant de la vie artistique de la société constantinoise de l'époque, où la femme était partie intégrante du monde de la musique, de la poésie et de la chanson. Les derniers moments tragiques de Salah Bey, surnommé « Bey El Beyat » (le Bey des Beys), condamné à mort par le Dey Hassan Pacha, constituera l'une des scènes les plus fortes de cette œuvre de 90 minutes.