« Malgré l'âge et la maladie qui me ronge, je suis là ». Ce sont les quelques mots que nous avons difficilement déchiffrés de la poignante intervention de l'un des géants du cinéma national, de surcroît ancien Moudjahid, Amar Laskri, à qui l'association Machaâl Chahid, avec l'aide de l'association Lumières pour la culture et le cinéma (dont il est le président), a rendu hommage, hier, au centre de presse du quotidien El Moudjahid à Alger. A peine sorti d'une clinique privée à Alger où il a été hospitalisé après une sérieuse dégradation de son état de santé, le réalisateur du film phare « Patrouille à l'Est » (1972), prenant son légendaire courage à deux mains, a tenu à marquer sa présence parmi le beau monde du septième art et de la culture en général (El Ghaouti Bendeddouche, Amine Zaoui, Bahia Rachedi, Hassan Benzerari...) venu saluer l'homme et l'œuvre. « Patrouille à l'Est » est le seul film parmi toutes les grandes productions du cinéma algérien dont le seul héros était le peuple » témoigne le cinéaste Rabah Laradji, non sans louer l'incroyable force de caractère du réalisateur de « Fleur de Lotus » (1998) faisant de lui l'un des meilleurs directeurs d'acteurs sur les plateaux de tournage. La comédienne Bahia Rachedi a, de son côté, regretté qu'une bonne partie de la filmographie du dernier directeur de l'ex-Caaic, telle que « Le Communiqué », « Les Martyrs d'hier », « Le Premier jour... » soit méconnue du grand public. « Amar Laskri a marqué l'histoire et l'âge d'or du cinéma algérien, notamment dans sa version révolutionnaire. C'est un cinéaste qui a travaillé au sein de sa société, source de son inspiration. Ses films sont de notoriété mondiale et certains ont été primés lors de grands festivals. Cet artiste est cultivé, rebelle et humble à la fois » a-t-elle souligné, faisant part de son souhait de le voir revenir sur la scène pour réaliser un autre chef d'œuvre « si Dieu lui prête vie et meilleure santé ». « Nous avons besoin de son expérience, de ses conseils. Amar Laskri est à lui seul une encyclopédie » insiste l' actrice. Pour son acolyte, Hassan Benzerari, le Moudjahid cinéaste est presque un père. « C'est grâce à lui que j'ai pris part aux années de gloire du cinéma lorsqu'il m'intégra dans le casting qui allait interpréter « Patrouille à l'Est ». Durant les six mois de tournage que nous avons passés sur les hauteurs des djebels de Guelma, j'ai connu de très près Si Amar et découvert, par là même, la capacité technique hors-norme de ce grand cinéaste » se rappelle-t-il en indiquant, néanmoins, que l'association Lumières s'emploie (en sollicitant le ministère de la Culture) pour lui assurer une prise en charge médicale à l'étranger.