Le Parlement élu en juin 2014 et replié, depuis, à Tobrouk, dans l'Est, a décidé de suspendre sa participation aux négociations de paix menées sous l'égide des Nations unies. La raison ? Le double attentat-suicide commis, vendredi dernier, par Daech, à Koubbah, dans l'est du pays, et qui a fait 45 morts et 70 blessés. « Le Congrès général national, ancien Parlement, réinstallé par Fajr Libya à Tripoli en août 2014, n'a pas condamné les explosions de Koubbah revendiqués par la branche libyenne de Daech », indique, à Reuters, Farradj Hachem, porte-parole du Parlement, reconnu par la communauté internationale, promettant de donner ultérieurement d'autres raisons pour expliquer cette décision. Certains analystes motivent ce retrait par une hantise des « élus » de Tobrouk : voir la communauté internationale les presser d'intégrer des miliciens islamistes dans le futur gouvernement d'union que souhaite Bernardino Leon, le chef de la Mission d'appui des Nations unies en Libye. D'autres analystes tempèrent. « Ce report, disent-ils, a été demandé au chef de la Mission d'appui des Nations unies en Libye, Bernardino Leon, qui facilite le dialogue interlibyen pour permettre aux délégations de faire le deuil des victimes de l'attentat, d'en évaluer les conséquences et de s'enquérir de l'ordre du jour des discussions que d'aucuns considèrent comme le dernier tour décisif ». Le Parlement, réinstallé à Tripoli et qui a boudé les deux rencontres de Genève, laisse entendre qu'il poursuivra ce dialogue. Report ou pas, l'émissaire de l'ONU Bernardino Leon reste optimiste. « Un accord politique peut être atteint rapidement », soutient-il. Et d'ajouter : « Je suis convaincu que leur sens de responsabilité s'agissant du sort du peuple libyen, l'unité nationale, la démocratie et l'intégrité territoriale de l'Etat libyen prévaudra sur leurs différences. » « Nous réitérons notre appel à toutes les parties concernées à participer au dialogue parrainé par l'ONU. Ceux qui choisissent de ne pas le faire s'excluent des négociations qui sont décisives pour combattre le terrorisme, comme pour rétablir la paix et la stabilité », déclare à Washington, la porte-parole du département d'Etat, Jen Psaki. Et de poursuivre : « Les Etats-Unis continuent de soutenir avec force les efforts de l'ONU pour faciliter la formation d'un gouvernement d'union et trouver une solution politique à la crise. » A l'issue d'un premier round de négociations tenu à Genève mi-février sous l'égide de l'ONU, les deux camps ont annoncé un cessez-le-feu et l'ONU a déclaré que les participants sont parvenus à un accord sur un calendrier en vue de former un gouvernement d'union. Le 11 février, des représentants des deux Parlements ont tenu, à Ghadamès, des discussions « indirectes » sous l'égide de Bernardino Leon, qui ont permis de décrisper l'atmosphère et de briser la glace entre les protagonistes qui ont convenu de la formation « dès que possible » d'un gouvernement de consensus national avec des prérogatives claires, dirigé par une personnalité indépendante