Le 44e anniversaire de la nationalisation des hydrocarbures a été l'occasion de réaffirmer unanimement la justesse de la décision. Pour ce qu'elle a permis au pays d'exercer sa souveraineté sur ses richesses du sous-sol. Et de faire du groupe Sonatrach un partenaire incontournable dans le marché mondial des hydrocarbures. Mais surtout d'avoir généré une manne financière qui a rendu possible, pendant toutes ces années, la mise en œuvre des programmes de développement socio-économique dont les retombées sur l'amélioration des conditions de vie de la population ne sont pas à démentir. La commémoration intervient dans un contexte de vive polémique sur le projet d'exploitation du gaz de schiste, supposée relayer, à terme, l'épuisement progressif de l'énergie fossile. Le président de la République a tranché dans le vif du sujet, hier, en appelant à fructifier les hydrocarbures conventionnels et non conventionnels ainsi que les énergies renouvelables dont dispose le pays. Tout en recommandant de veiller au respect de l'environnement et de la santé de la population par rapport auxquels les populations du Sud expriment des inquiétudes. « Le pétrole, le gaz conventionnel et de schiste, les énergies renouvelables sont des dons de Dieu. Il nous incombe de les fructifier et d'en tirer profit pour nous et pour les générations futures, en veillant scrupuleusement à assurer la sauvegarde de la santé de la population et la protection de l'environnement », a déclaré le chef de l'Etat dans son message à l'occasion de cet anniversaire. C'est grâce à la rente pétro-gazière que le niveau de vie de la population s'est amélioré en matière d'accès au logement, à l'eau potable, au gaz et à l'électricité, a-t-il argué. « Ce sont les revenus tirés des ressources naturelles de notre pays qui ont rendu possible une telle avancée », admet le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, qui met en avant les réalisations engrangées dans le secteur des hydrocarbures tant en infrastructures qu'en volume de production du pétrole et du gaz. Mais aussi en capacités de transport par canalisation que sont les grands projets de gazoducs transcontinentaux qui dotent l'Algérie de moyens colossaux d'exportation à même de « desservir de multiples marchés à travers le monde ». On aura presque tout dit sur les dividendes générés par l'initiative du 24 février 1971. Mais rapporté au contexte d'aujourd'hui, le satisfecit s'accompagne de mise en garde. Le pays est trop dépendant de la manne énergétique dont les cours sur le marché international ne cessent de fluctuer. Le caractère aléatoire de cette ressource relance en permanence le défi de la diversification de l'économie nationale pour, à la fois, l'émanciper de la dépendance aux revenus pétroliers et parapétroliers et offrir au pays l'alternative d'un développement sûr, assis sur les fondements d'une économie compétitive capable d'exporter. Cet objectif est érigé en priorité de l'action gouvernementale qui vient d'entamer la réorganisation du secteur industriel. « La diversification et la compétitivité de l'économie du pays ne cesseront pas de constituer pour nous une priorité », a souligné Bouteflika qui préconise d'accélérer le rythme des réformes, plutôt que de se laisser tenter par « le pis-aller éphémère » qui consiste à attendre que les prix du baril reviennent à leur meilleur niveau. La restructuration du tissu industriel public autour de 12 groupes installés lundi dernier constitue, dans ce sens, une amorce dans la réunion des conditions favorables à la diversification de l'économie et le développement des exportations hors hydrocarbures. Les investissements de ces groupes seront orientés vers les secteurs d'activité où l'Algérie importe le plus. Le nouveau schéma est présenté comme une réforme majeure destinée à impulser le développement industriel pour lequel est dévolu le rôle de moteur devant relever le niveau de croissance de l'économie nationale.