Presse, télévision, radio, radio-télédiffusion, agences de communication, publicité, OJD, sondage et autres activités sous-jacentes... C'est véritablement à un chantier multidimensionnel que Hamid Grine, le ministre de la Communication, s'est attaqué dès son arrivée à la tête d'un département où la durée de vie d'un ministre est devenue un élément primordial sur lequel ceux qui résistent au changement ont pris l'habitude de miser, tant il semble que la longévité moyenne se soit établie à des records inférieurs de huit mois et moins. Mais, longévité ou pas, le programme d'action de Hamid Grine et la mobilisation qui s'en est suivie dégageaient un dynamisme exceptionnel qui donnait déjà le ton d'une volonté de changement n'ayant d'égale, semble-t-il, que les effets qu'on en attendait. Que Hamid Grine dure ou pas à la tête de ce ministère, son travail, à n'en pas douter, sera d'un effet structurant pour l'ensemble du secteur. Guidé par une feuille de route qui définit les priorités et les objectifs, et en professionnel avisé de la communication, ayant l'avantage également d'avoir été et su rester un journaliste dans l'âme, avec l'atout déterminant que possède l'homme de culture et écrivain qu'il est d'être un homme capable d'aller au bout de son entreprise, Hamid Grine a tranché, dès l'abord, en se qualifiant de chef de chantier, expression chère aux managers modernes, dont la pensée est résolument tournée vers deux aspects primordiaux : l'optimisation du temps et l'obligation de résultat. Et s'il y a un caractère irréductible du temps imparti pour faire aboutir l'un des quelconque chantiers que le ministre de la Communication a ouverts, cette contrainte est contrebalancée par le choix résolu de mettre en branle tous les chantiers, à l'exception de ceux dont l'interdépendance pose la succession de leur réalisation comme une réalité incontournable. La presse écrite, le cœur de la bataille Il était évident que la presse écrite serait le cœur de la bataille de Hamid Grine. Le ministre de la Communication, qui connaît le milieu de la presse écrite pour en avoir été un membre à part entière et pour l'avoir pratiquée des années durant avec une profondeur qu'il est rarement donné à quelqu'un d'engager, et une intimité tout aussi exceptionnelle, a conféré à sa démarche les qualités de la touche intérieure chargée d'empathie, doublée de l'expertise exogène incontestable qui a d'une part inquiété les adeptes du statu quo et les défenseurs de leurs seuls intérêts, et, d'autre part, suscité l'adhésion de ceux parmi les journalistes et les éditeurs qui prenaient conscience, au fur et à mesure que se levait le voile flou de la dénonciation-manipulation, de l'incroyable égoïsme de quelques acteurs de la corporation. Hamid Grine a bien évidemment exploité sa bonne connaissance du secteur à la fois dans sa démarche réformatrice et dans la stratégie de communication qui doit la porter. Pour opérer des changements de portée éthique et déontologique, il fallait interpeller tous ceux qui contribuent à faire la presse. D'où le concept de cercle vertueux qui responsabilise autant l'éditeur et le journaliste que l'annonceur publicitaire. Un triangle que le ministre définit comme salutaire et sur lequel nulle contestation ou avis divergent n'est possible. Et pour cause, le cercle vertueux est inattaquable du point de vue éthique et tous ceux qui voudraient s'en démarquer ouvertement se démasqueraient comme hostiles aux principes éthiques qui fondent la bonne presse, la presse professionnelle et qui distinguent celle-ci de la presse sensationnaliste qui aime à diffamer dans l'injure, l'insulte et le dénigrement inconditionnels. Pour arriver à dénoncer une médecine aussi bonne que le cercle vertueux, certains ont choisi de faire le procès des intentions du ministre en criant au loup, dénonçant une manœuvre de domestication de la presse par le biais de la publicité publique et privée. Le message qui devait s'ensuivre, au bout d'un parcours cacophonique et polémique, a calmé les ardeurs et refroidi les récalcitrants, car tous comprenaient que la démarche, comme le dit le ministre lui-même, était gouvernementale dans son inspiration et sa mise en œuvre. C'est cet effort de mise en cohésion, dont nous avons eu des échos au mois d'octobre 2014, soutenu par le Premier ministre en personne, qui a fait taire les voix discordantes et achevé de convaincre ceux qui partaient en guerre contre Hamid Grine qu'ils s'affrontaient en fait avec le gouvernement et, par-dessus tout, avec une éthique universelle dont il était naturellement attendu que ces acteurs soient, en tant que professionnels de la presse, les derniers à s'y opposer ou plutôt les premiers à la promouvoir. Hamid Grine, à n'en pas douter, gagnait, pour l'amour du journalisme professionnel, sa première bataille éthique. La longue procession de l'audiovisuel Contrairement à ce qui est perçu çà et là au cœur de cette foison de nouvelles chaînes de télévision, le chemin de croix des promoteurs de ces médias privés n'est pas — après l'écueil de la ressource financière — celui de l'agrément ou autrement dit de l'administration, mais bien celui de la maîtrise des contraintes sinueuses et complexes de l'activité et des pans enchevêtrés des responsabilités qu'implique la manipulation de l'image en direction du grand public. Responsabilités sociale, politique, humaine, civique, éthique... suspendues toutes, avec leurs enjeux très lourds, à la volonté de diffuser ou non, loin des garde-fous professionnels, des programmes d'information, des émissions de débat, des reportages de proximité, des événements culturels, cultuels, sur l'enfance, les femmes, la politique, etc., dont l'impact est autant irréversible qu'il est structurant dans la durée, de perceptions censées refléter la réalité et correspondre, somme toute, à un projet de société vecteur d'une volonté de vivre-ensemble et d'aspiration à la démocratie, au progrès et à la modernité... Cela, le ministre de la Communication semble l'avoir intégré, dès le départ, ayant choisi de laisser prendre en charge cette mission, de façon complète et donc cohérente et uniforme, par l'Autorité de régulation de l'audiovisuel au sein de laquelle son président s'attelle à mettre en place une équipe de professionnels en mesure de le seconder pour donner un visage, le plus diversifié possible tout en étant également le plus professionnel possible, au paysage audiovisuel algérien. En attendant, les acteurs de ce secteur, à la faveur d'une liberté d'activer avant d'y être officiellement autorisés en tant qu'opérateurs de droit algérien, devraient tirer profit de cette phase de transition pour se regarder dans le miroir de la franchise et de l'autocritique, mais aussi de l'intelligence professionnelle, afin de décrypter et de mesurer, à la lumière de leurs erreurs et de leurs errements, les limites de leurs libertés et le poids de leurs responsabilités à venir. Le service et les médias publics et l'image de l'Algérie S'il y avait une comparaison à faire pour mesurer les clivages entre une réalité et une autre, le ministre de la Communication l'avait bien trouvée, lui, qui, dès son installation, regrettait que la voix radiophonique ne soit pas à la hauteur de la voix diplomatique de l'Algérie. Par un effort pédagogique, il a pu partager avec les acteurs du secteur la gravité de l'enjeu, celui de porter la voix radiophonique de l'Algérie sur et au-delà des frontières pour valoriser les attributs de la culture, de la démocratie et des valeurs algériennes à travers ce rayonnement radiophonique, aux sens physique et professionnel, que rend possible la concrétisation optimisée de tous les projets de déploiement des réseaux et autres acquisition et maîtrise des technologies de dernière génération, sans oublier l'atout de la formation des cadres. Culture oblige et voix radiophonique aidant, Hamid Grine en appelle à l'information de proximité au niveau des radios locales, dans le sens de sa priorisation hiérarchique pour une question de bon sens. Pourquoi créer des radios de proximité, si elles doivent fonctionner comme des radios nationales ? Et pour cause : à œuvrer dans la proximité, les radios locales ont du pain sur la planche en matière d'information et de communication, martèle le ministre, car, explique-t-il, « il y a eu et il y aura encore un tel effort de développement, il y a une telle richesse culturelle du terroir que la matière est disponible, qui n'a besoin que d'un regard de professionnel et d'un regard optimisme pour prévaloir ». Le discours et sa traduction Nulle incohérence ne saurait venir ternir des projets portant d'aussi grands enjeux. D'où cette volonté de proximité du ministre de la Communication qui s'en est allé à travers l'ensemble des wilayas du pays prêcher la proximité en l'incarnant par ses visites, son discours, le choix du vecteur et la manière d'adresser les journalistes. Le concept de proximité n'est plus, dès lors, un simple concept de communication, il devient une manière d'être et le mode de vie par lequel le professionnel local doit considérer sa relation avec les citoyens. Se superposant à l'enjeu de proximité, les enjeux de désenclavement et de prévalence médiatiques sont encore plus impérieux au sud du pays et davantage encore au niveau des frontières. A ce titre, les actions et les décisions spécifiques n'ont pas manqué, qui promettent de restructurer la réalité radiophonique au niveau des zones en offrant aux populations de ces régions les conditions de jouissance, les meilleures, de leur média préféré : la radio. A ouvrir des perspectives pour 2015 et au-delà, quant au bilan du ministère de la Communication, il faudrait tabler sur un effet de redressement global du secteur, car cet ensemble en apparence hétérogène intègre des domaines qui sont en réalité parfaitement complémentaires. C'est un tout où chaque partie doit aux autres d'être bien ou mal structurée, et c'est en conférant un ordre, des règles et une éthique de fonctionnement à cet ensemble que Hamid Grine compte lui assurer la cohésion tant attendue, qui lui donnerait, presse comprise, ses lettres de noblesse. Et puis, quand on a tout cela à faire, on se dit que l'enjeu primordial, c'est de bien faire.