Près de 6 millions d'électeurs israéliens étaient conviés hier dans 10.372 bureaux de vote pour élire parmi 25 listes en compétition, les 120 députés de la Knesset. Présente dans les programmes des partis, la question palestinienne qui est aujourd'hui sur les bureaux des instances diplomatiques et judiciaires internationales, a été la grande oubliée de la campagne électorale. Sous la pression des sondages qui donnent à la liste Union sioniste que conduit Isaac Herzog, 54 ans, avec la centriste Tzipi Livni, 56 ans, vainqueur-cinq des six sondages publiés vendredi lui ont donné une avance de quatre places, la créditant de 24 à 26 sièges dans la prochaine Knesset-Benyamin Netanyahu, 65 ans, le patron du Likoud qui est crédité de 20 à 22 sièges seulement, durcit le ton. Dans un appel à peine voilé à l'extrême droite, il a annoncé lundi la poursuite des constructions à Al Qods-Est et l'impossibilité de création d'un Etat palestinien tant qu'il serait au pouvoir ! Quid de Livni et de Herzog ? « Ni Livni, l'ancienne partenaire de Netanyahu, ni Herzog, l'ex-chef de l'opposition, ne sont prêts à faire la paix », estime Omar al-Ghul, un analyste politique affilié à l'Autorité palestinienne. Comme beaucoup d'intellectuels palestiniens, il exhorte ses compatriotes de tout bord politique à ne pas donner du crédit aux déclarations « trompeuses » des têtes de liste de l'Union sioniste. Il est vrai que Livni, qui soutient le blocus sur la bande de Ghaza, a manifesté par le passé, quand elle était au pouvoir, son opposition à un retrait israélien aux lignes d'avant 1967 et au « droit au retour » des réfugiés palestiniens. Quant à Herzog qui a promis en campagne de nouveaux efforts de paix avec les Palestiniens pour avoir des « voix arabes » et des « anti-Netanyahu », il a régulièrement souligné qu'El Qods est la capitale éternelle d'Israël et qu'elle ne serait pas divisée et que s'il devait revenir à la table des négociations avec les Palestiniens, il le ferait si la Ligue arabe est associée. « Il n'y aura pas de gouvernement d'union avec le Parti travailliste », prévient Netanyahu. « Je formerai un gouvernement national. » C'est-à-dire de droite. Si les travaillistes reviennent au pouvoir, la gauche présiderait aux destinées d'Israël pour la première fois depuis le mandat d'Ehud Barak, entre 1999 et 2001. Après les résultats officiels attendus demain après-midi, le président israélien Reuven Rivlin aura sept jours pour choisir lequel des 120 députés élus il confiera la formation du gouvernement. Celui-ci aura 28 jours pour constituer une coalition. Le président peut, si nécessaire, prolonger cette durée de 14 jours. En cas d'échec, le président peut confier la tâche à un autre parlementaire, avec un délai de 28 jours. Un éventuel troisième prétendant n'aurait plus, lui, que 14 jours avant que le président ne réclame de nouvelles élections. Le chef du parti vainqueur est généralement celui à qui il revient de former une coalition. Mais cela n'est pas obligatoire. En 2009, Netanyahu est devenu Premier ministre, bien que le Likoud soit arrivé en deuxième position. Si l'actuel Premier ministre est reconduit, ce qui est fort probable, « la solution à deux Etats » serait compromise et avec elle l'apparition de quelques tensions avec le grand allié américain qui reste « attaché » à cette solution. « Notre politique est que nous croyons que la situation devrait être résolue avec un Etat israélien (...) vivant côte à côte en paix et en sécurité avec un Etat palestinien souverain et contigu », a réaffirmé lundi dernier Josh Earnest, le porte-parole de la Maison Blanche.