Donné favori par les premiers sondages, le Likoud version Netanyahou, s'est fait rattraper, ces derniers jours, par le parti Kadima qui a rétabli l'équilibre, d'où l'indécision caractérisant ce scrutin législatif israélien, déterminant pour la suite des négociations de paix avec les Palestiniens. Le taux de 20% d'indécis, selon les sondages, fait planer le doute sur les résultats des élections législatives israéliennes d'aujourd'hui, même si le Likoud demeure légèrement favori et le parti de l'extrême droite de “Israël Beiteinou”, du député Avigdor Lieberman, est susceptible de devenir la troisième formation au Parlement. Quant au Parti des travailleurs, en nette perte de vitesse, il est relégué en quatrième position. Ainsi, Lieberman, dont le parti est crédité de 18 à 19 députés sur 120 à la Knesset, “pourrait être en mesure de déterminer qui sera le futur Premier ministre”. Ceci étant, dans une campagne amorphe où la sécurité du pays est au centre des débats, Netanyahu joue la surenchère en assurant : “Avec un gouvernement sous ma direction il n'y aura plus de tirs de roquettes ni de contrebande d'armes qui pourront un jour atteindre Tel Aviv.” Quant à Tzipi Livni, du parti Kadima, elle a aussi tenté de parer les critiques sur sa droite en expliquant qu'elle n'était pas liée à un plan du Premier ministre sortant Ehud Olmert prévoyant un retrait israélien de la très grande majorité de la Cisjordanie et un partage de souveraineté à Jérusalem-est. “Chaque Premier ministre choisit sa voie, celle qu'il (Ehud Olmert) a choisie n'est pas la mienne.” D'ailleurs, Roni Bar-On, le ministre des Finances, un proche de Mme Livni, n'a pas exclu une alliance avec Avigdor Lieberman, en déclarant : “C'est un grand sioniste, il n'y a pas de raison de l'exclure d'une coalition.” Pour ce qui est du Parti travailliste, Ehud Barak, le ministre de la Défense et chef du parti, en difficulté dans les sondages, mise, selon les médias, sur une éventuelle libération de Gilad Shalit, un soldat israélien enlevé en 2006 et détenu par le Hamas dans la bande de Gaza, dans l'espoir de refaire son retard. Il n'en demeure pas moins que les analystes s'attendent à ce qu'Israël vire à droite lors des élections aujourd'hui, du moment que les derniers sondages donnent l'avantage au Likoud de Benjamin Nétanyahou, partisan d'une ligne dure sur la paix au Proche-Orient qui risque de mettre l'Etat hébreu en collision avec le nouveau gouvernement américain. Pour rappel, c'est à la suite de son incapacité à constituer une nouvelle coalition autour de Kadima pour succéder au Premier ministre Ehud Olmert, démissionnaire en raison de ses démêlés judiciaires, que ce scrutin anticipé a été convoqué. Selon les derniers sondages, les partis de droite réunis pourraient récolter une majorité d'environ 65 sièges sur 120 dans la prochaine Knesset. Mais l'avantage du Likoud de Netanyahou sur le Kadima de Livni s'est réduit : il n'aurait plus que deux ou trois sièges d'avance. En outre, les indécis seraient encore un quart des 5,3 millions d'électeurs israéliens... Mais même si Kadima double le Likoud au poteau et que le président Shimon Pérès confie à Tzipi Livni le soin de former un gouvernement, elle se retrouvera dans la même situation qu'il y a trois mois, contrainte à s'allier avec les partis les plus à droite, dont elle avait refusé les exigences la dernière fois. Le virage qu'Israël prendrait en élisant Netanyahou est à l'opposé de celui que les Etats-Unis ont pris avec Barack Obama. “C'est malheureux”, estimera Mohammed Shtayyeh, directeur du Conseil palestinien pour le développement économique, qui soulignera :“Quand il y a une atmosphère positive aux Etats-Unis, Israël s'engage sur une voie négative.” Merzak T.