Le président Salva Kiir restera à la tête de la présidence sud soudanaise jusqu'à la mi-2018. La prolongation de son mandat « étendu de 36 mois », pourtant dûment rejetée en février par l'opposition jugeant contreproductive la proposition émise par le Conseil des ministres, est perçue comme une violation des dispositions constitutionnelles qui prévoient des présidentielles et des législatives avant la date butoir du 9 juillet. Le bras de fer est relancé entre le camp de Riek Machar criant à la dictature et les partisans de Salva Kiir plutôt convaincus de donner une « chance à la paix » par une meilleure organisation des « élections libres et justes ». Dans un dialogue de sourds, l'avenir du processus de paix est gravement compromis par l'aggravation des rivalités politico-ethniques. Le fossé s'est davantage approfondi par le refus du président sud-soudanais de valider, la semaine dernière, la proposition des médiateurs du retour de Machar à son poste de vice-président en signe d'apaisement. Tous les espoirs de règlement négocié d'un conflit politique virant à la guerre ethnique se sont évaporés. A l'état embryonnaire, les pourparlers, placés sous l'égide de l'organisation intergouvernementale est-africaine (Igad), butent sur la poursuite des hostilités, en violation des engagements pris, notamment, en matière de cessez-le-feu systématiquement bafoué. Le double ultimatum de l'Igad, donnant jusqu'au 5 mars aux deux belligérants pour s'entendre sur le partage du pouvoir, et du Conseil de sécurité brandissant, le 3 mars, l'arme des sanctions, est resté lettre morte. Tout logiquement, dans une déclaration unanime, les 15 du Conseil de sécurité se sont déclarés, hier, « profondément déçus » de l'échec des négociations et détaillent la panoplie de mesures contraignantes imposées « contre ceux qui compromettent la paix, la sécurité et la stabilité du Soudan du Sud ». La sanction porte sur un embargo sur les armes et la désignation de hauts responsables qui seraient frappés d'une interdiction de voyager et d'un gel de leurs avoirs. Pour plus de précisions sur les personnes visées par les sanctions, un comité, assisté d'experts, a tenu, hier, sa première réunion. Mais l'option d'une exclusion du pouvoir du président Salva Kiir et de Machar fait son chemin, en attendant les conclusions de la commission d'enquête de l'Union africaine exigées « dès que possible » par le Conseil de sécurité qui s'oppose catégoriquement à la prolongation du mandat de Salva Kiir. A défaut d'un consensus sur le partage du pouvoir, sanctionnant « une classe politique irresponsable », l'alternative de la gestion de la transition, confiée à un « groupe de supervision » constitué de personnalités mandatées par l'UA et l'ONU, est avancée pour sortir de l'impasse.