Le Haut-Commissariat à l'amazighité (HCA) organisera, lundi prochain, une journée scientifique autour du patrimoine immatériel amazigh dans la région de Tlemcen. Selon Si El Hachemi Assad, secrétaire général du HCA, il s'agit d'une sortie d'étude de terrain qui représente un dispositif spécifique mis en place dans le cadre du plan de charge du HCA de l'année 2015. « Une équipe d'enquêteurs représentant des étudiants-chercheurs a été constituée. Elle est composée de cinq groupes : littérature orale, toponymie, faune et flore, anatomie, variations lexicales et phonétiques », nous dit-il précisant que « l'amazighité est vivante sur le territoire national et au Maghreb de manière générale ». « Elle s'exprime linguistiquement de façon manifeste dans les régions où il existe une masse critique de locuteurs à même de rendre évident et indiscutable l'usage de tamazight (Aurès, Mzab, Kabylie, Hoggar-Tassili, Chenoua...) » ajoute-t-il. Et de poursuivre : « L'heure est venue pour s'occuper des aspects de notre patrimoine encore visibles sur le terrain et de s'investir scientifiquement dans la constitution des différents corpus. La pratique de la langue est bien présente, mais de manière moins affirmée, au niveau des régions du pays où on la pensait absente ou en voie de disparition ». Il s'agit, précise-t-il, d'un travail urgent à prendre en charge, car quelques variantes de tamazight sont menacées de disparition. Quid du programme de sauvegarde du patrimoine immatériel dans la région ? Si El Hachemi Assad fait observer que le programme consiste à aller au-devant des Algériens détenteurs de la langue et du patrimoine culturel immatériel amazigh pour leur offrir le cadre à même d'organiser le recueil, la sauvegarde puis le développement de ces valeurs millénaires porteuses d'avenir pour les générations montantes. « Ce patrimoine immatériel doit être transmis et transcrit. C'est seulement ainsi que nous pourrions le valoriser et le rehausser en référentielle identitaire. La culture, qui sous-tend la vie au quotidien, est, quant à elle, et y compris ici à Tlemcen, totalement imprégnée de la tradition et de l'imaginaire amazighs », a-t-il souligné, rappelant que « la commémoration, dans les moindres recoins de cette région, du nouvel an berbère (Yennayer) en est la parfaite illustration ». Durant cette année, selon le SG du HCA, deux sorties par trimestre au moins seront programmées et réalisées. Elles cibleront plusieurs régions : Ouargla, Béchar, Djanet, Illizi, Adrar, Tabelbala, Chlef, Aïn Defla, Jijel, Mila... Abordant le volet de l'introduction de la langue amazigh à Tlemcen et autres régions du pays, notre interlocuteur a rappelé que depuis la signature d'un protocole d'accord en février 2015 avec le ministère de la l'Education nationale, le HCA est à pied d'œuvre pour atteindre cet objectif stratégique, à savoir la généralisation graduelle et planifiée de tamazight. « Cela, bien entendu, passe par la prise en charge des problèmes liés à l'enseignement de notre langue et la prise des décisions idoines pour passer à son extension au-delà des onze wilayas. Notre détermination est d'œuvrer avec le ministère de l'Education nationale à consacrer la dimension nationale de cet enseignement ici à Tlemcen et partout ailleurs en Algérie. » Le HCA et le ministère de l'Education doivent entreprendre, de concert, estime-t-il, une campagne de sensibilisation auprès des populations des wilayas qui enregistrent un retard dans l'introduction de la langue amazigh dans le système éducatif. « Toutes les mesures administratives et pédagogiques qui entravent ce processus doivent être levées. »