La conférence nationale sur le commerce extérieur s'est ouverte, hier, au Palais des nations, en présence du Premier ministre Abdelmalek Sellal et des membres du gouvernement. Les intervenants s'accordent à souligner la nécessité de revoir la copie inhérente au commerce extérieur. Le ministre du Commerce, Amara Benyounès, a indiqué que l'opportunité se présente pour les experts et décideurs d'engager un débat autour de cette activité en vue d'initier des actions à même de relancer et de diversifier les exportations. Pour Benyounès, cette rencontre, première du genre, vise à répondre à quatre préoccupations majeures : la disponibilité d'une offre exportable, la nécessité de trouver la cohérence entre les politiques sectorielles et la politique du commerce extérieur, de savoir la capacité à réduire l'impact de la chute des prix du pétrole sur nos équilibres financiers extérieurs, et enfin de déterminer l'efficacité des institutions de gouvernance et de contrôle du commerce extérieur et de ses flux financiers. Après avoir fait une rétrospective du secteur, le ministre du Commerce a indiqué qu'il est important de savoir « si nous disposons d'une structure d'évaluation du commerce extérieur suffisamment compétente et de capacité d'analyse, à tous les niveaux, dans ce domaine. » Il s'est également interrogé « si l'Algex est suffisamment organisée et compétente pour tenir ce rôle. » Selon Benyounès, il est impératif de traiter cette question liée à l'organisation institutionnelle en ateliers. Benyounès a également appelé à fédérer les synergies pour booster les exportations. Selon l'orateur, les exportations ont progressé de 96%, passant de 32 milliards de dollars en 2004 à plus de 62 milliards en 2014, dont moins de 3 milliards représentent les exportations hors hydrocarbures, soit un taux de moins de 5%. Pour ce qui est des importations de biens, le volume global est passé de 18 milliards de dollars en 2004 à plus de 58 milliards en 2014. Le ministre a expliqué que « l'analyse approfondie de la structure des importations au titre de l'année 2014, fait ressortir une prépondérance du groupe des biens d'équipements industriels et agricoles, avec une valeur de 19,56 milliards de dollars, suivi du groupe des biens destinés à l'outil de production avec 17,47 milliards de dollars. Création du guichet unique en cours Dans son intervention, le ministre des Finances, Mohamed Djelab, a, après avoir présenté un bilan succinct sur la situation financière du pays, annoncé la création en cours d'un guichet unique pour le commerce extérieur. Pour sa part, le gouverneur de la Banque d'Algérie, Mohamed Laksaci, a annoncé l'augmentation du taux de croissance du crédit à l'économie en 2014 de l'ordre de 26%, contre 21% en 1013 et 15% en 2011. Au sujet du crédit à la consommation, il a informé que la Banque d'Algérie est en train de développer une nouvelle centrale des risques plus moderne ; elle sera mise en œuvre durant le second semestre de 2015. Qu'en est-il de la diplomatie économique ? Le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, a souligné qu'il est impératif « de mieux exploiter les atouts de notre pays en matière d'échanges commerciaux avec le reste du monde dans un contexte économique mondial présentant de nombreux défis ». Pour un système commercial international équilibré `Il a souligné que « la diplomatie économique est pour nous un instrument de promotion du commerce extérieur ». Il a fait savoir que 79% du commerce mondial s'effectue de nos jours entre les pays membres de l'OMC, alors que d'autres échanges s'inscrivent dans le cadre des intégrations régionales et participent à la promotion de la libéralisation et l'expansion des échanges. Lamamra dira que « l'Algérie a vocation à s'intégrer au marché mondial et à participer à la consolidation d'un système commercial international qui soit juste, équilibré et transparent ». Dans ce contexte, a-t-il indiqué, « force est de reconnaître que les négociations sur l'accession de l'Algérie à l'OMC tardent à se conclure. Cet état de fait est dû à l'importance des enjeux stratégiques que représente cette adhésion pour notre pays et à la complexité des questions d'adaptation de notre corpus législatif et réglementaire aux normes et aux règles de l'OMC ». Le ministre des AE a indiqué que les négociations ont été accompagnées « par des actions diplomatiques dynamiques à même de mieux véhiculer notre volonté politique de rejoindre cette organisation et d'assumer nos droits et obligations. Le secteur des affaires étrangères s'emploie à concrétiser de concert avec le ministère du Commerce, cette démarche internationale volontariste ». Lamamra a fait observer que « l'Algérie doit s'assurer que sa stratégie se fonde sur une vision à long terme de ses objectifs de développement et tient compte des réalités de l'ouverture commerciale et d'une intégration économique multilatérale et régionale. L'essentiel est de concentrer nos efforts sur une logique d'actions en libérant les initiatives et en optimisant l'impact des synergies que l'économie nationale peut avantageusement mettre en mouvement ». Tout en informant de la tenue d'une réunion avec les chefs d'entreprise, en guise de préparation de la grande rencontre économique Algérie-Afrique, prévue avant la fin de l'année, Lamamra a indiqué que le ministère des A E s'est doté d'une direction générale des relations économiques et de coopération internationale chargée de questions multilatérales d'ordre économique, financier et commercial. Les ministres de la Pêche et de l'Agriculture et du Développement rural ont, eux aussi, exposé la politique de leur secteur. L'UGTA pour la reconfigurationdu Credoc Le SG de l'UGTA, Abdelmadjid Sidi Saïd, a présenté 16 proposions pour assainir le commerce extérieur. Il a souligné l'importance de définir la conception du commerce extérieur, s'il s'agit d'un palliatif financier ou d'un élément complémentaire de l'économie nationale. Selon lui, « la bataille de l'économie nationale est la même que celle de la production nationale ». Sidi Saïd a appelé les pouvoirs publics à reconsidérer le processus du crédit documentaire (Credoc), d'interdire l'acte d'importation aux opérateurs étrangers, de développer la logistique du commerce extérieur, de mettre les instruments nécessaires pour l'industrie nationale, en développant l'esprit managérial et d'apporter le soutien nécessaire aux producteurs pour qu'ils puissent faire face à l'endettement et à la concurrence. L'UGTA estime également impératif d'œuvrer au placement des produits algériens sur le marché international, ainsi que l'implication des Algériens résidant à l'étranger dans la promotion de la production nationale. L'UGTA prône l'importation utile. Sidi Saïd a déploré l'importation de 10.000 tonnes d'artichaut pour une valeur globale de 200.000 dollars. Pour sa part, Abdelwaheb Ziani, représentant du patronat, a fait observer que l'acte d'exporter reste « difficile » comme il a fait remarquer que les « ports sont spécialisés dans l'importation. Il faut penser à créer des ports secs pour les exportateurs ou de leur réserver des espaces au niveau des ports ».