Photo : Lylia M. le conseiller à la présidence de la République pour les questions de terrorisme, Kamel Rezzag-Bara, a déclaré hier sur les ondes de la Chaîne III que Les pays du Sahel ont la «pleine capacité» de répondre à la menace terroriste dans la région. Il s'exprimait depuis Londres où il a co-présidé la deuxième session du groupe de contact algéro-britannique sur la lutte contre le terrorisme et les questions de sécurité. «Nous rejetons absolument toute tentative d'ingérence qui risquerait de transformer une menace locale à une menace d'une autre nature. Nous préférons un partenariat qui respecte la souveraineté des pays de la zone. Les pays de la région sont prêts à soutenir les initiatives algériennes», a-t-il ajouté, en soulignant que notre pays a un rôle central à jouer dans la coordination sous-régionale pour lutter contre la menace d'Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). Dans ce contexte, il a cité la tenue, en mars dernier à Alger, de la conférence des ministres des Affaires étrangères des pays du Sahel «où une feuille de route a été adoptée et qui a abouti à la mise en place de structures de réponse à cette menace». Kamel Rezzag-Bara a notamment relevé que des partenaires majeurs sur la scène internationale, comme la Grande-Bretagne et les Etats-Unis, approuvent l'initiative algérienne de criminaliser le payement de rançons aux groupes terroristes en échange de la libération d'otages parce qu'il existe aujourd'hui des preuves concrètes de la jonction entre ces groupes terroristes et la grande criminalité dont la contrebande, le trafic de drogue et l'immigration illégale. «Nous pensons que de plus en plus de partenaires vont adopter la même position. Plus vous payez les rançons, plus vous augmentez le risque d'autres prises d'otages. La prise d'otages est aujourd'hui la principale activité qui permet aux groupes terroristes d'avoir une visibilité sur le plan international», a-t-il alerté. L'ALGERIE SOLLICITEE POUR SON EXPERIENCE D'après le conseiller auprès du président de la République, il ne faut pas exagérer à propos de la menace d'Al Qaïda au Maghreb islamique sans toutefois l'ignorer. «Depuis 2003, la spécialité de l'Aqmi est la prise d'otages d'étrangers pour exiger des rançons en contrepartie de leur libération. Aujourd'hui, toute la zone, qui vivait de l'activité touristique, est isolée», a-t-il noté. Pour ces raisons, il est nécessaire, selon lui, de développer «dans les formes appropriées» des résolutions internationales plus contraignantes pour criminaliser le payement des rançons. «L'Algérie, qui a développé une connaissance approfondie de la nature du terrorisme de ses modes opératoires et de ses acteurs, a toujours estimé qu'aux côtés des questions sécuritaires et militaires, la priorité politique doit aussi être donnée à la lutte contre ce phénomène», a-t-il précisé. C'est aussi une expertise que l'Algérie met «à la disposition de toute la communauté internationale». «Beaucoup de pays nous sollicitent justement pour un échange d'expériences et d'expertise», a-t-il ajouté. LIER LE TERRORISME À L'ISLAM EST EXCLU Kamel Rezzag-Bara a relevé, en outre, que l'Algérie a toujours soulevé la question des amalgames «dangereux et parfois inacceptables», qui peuvent être établis dans le cadre de la lutte mondiale contre le terrorisme. «Lier le terrorisme à l'Islam ou aux Arabes est une chose tout à fait exclue», a-t-il dit, insistant que l'Algérie défend toujours le principe que la lutte contre le terrorisme «soit menée dans le respect des valeurs religieuses et civilisationelles de nos populations». Quant à sa mission officielle à Londres, il a souligné qu'il s'agit de se consulter, d'échanger des analyses périodiques sur la lutte contre le terrorisme transnational et sur le meilleur moyen de mutualiser les efforts pour contrer cette menace globale. Pour sa part, le général major britannique, Robin Searby, a qualifié mardi soir cette rencontre «cordiale, ouverte et emprunte de confiance». Il a indiqué que Algérie adopte une approche «très efficace» en matière de lutte contre le terrorisme et peut en servir de modèle pour les pays de la région.