Les Libyens se sont retrouvés depuis hier, comme prévu, à Alger pour poursuivre leurs discussions sur la formulation d'une solution politique à la crise qui dévaste leur pays. Sous l'égide des Nations unies et le soutien de la communauté internationale, les parties libyennes, qui se disputent le contrôle du pouvoir sur le terrain des affrontements militaires, se sont engagées depuis leur première rencontre, les 10 et 11 mars dernier, à respecter l'unité nationale et l'intégrité territoriale de leur pays. Et, à terme, sur la mise en place d'instruments permettant la participation de tous les antagonistes à l'exercice du pouvoir. Le premier pas a été salué alors comme une ébauche sérieuse de perspectives prometteuses. Les pays tiers, à l'image de l'Algérie, se sont investis activement dans la quête de solution politique en s'appliquant à rapprocher les points de vue. Et à aplanir les divergences. Des efforts qui sont sur le point de porter leurs fruits à l'issue du deuxième round des négociations. C'est au moins le sentiment de l'émissaire de l'ONU, Bernardino Leon, qui entrevoit une solution proche. « C'est la première fois que des représentants des principaux groupes politiques libyens vont discuter face-à-face d'un projet d'accord de paix final », a-t-il dit. Il faut mesurer le chemin parcouru pour rendre possible une telle rencontre, à l'état chaotique dans lequel s'est fourvoyée la Libye depuis la chute du régime de Kadhafi en avril 2011. Un désastre à la fois sécuritaire et institutionnel. Tandis que les milices font surenchérir la violence, le pays est dirigé par deux gouvernements et parlements rivaux. C'est pourquoi, l'émissaire onusien, qui sait plus que quiconque à quel prix le processus du dialogue a pris forme, a apprécié à sa juste valeur le concours de l'Algérie, en amont et en aval. « Je remercie l'appui, la coordination et la coopération intense et précieuse de l'Algérie, sans laquelle ce processus de paix n'aurait pas pu arriver à ce point, car nous pensons être proches d'une solution politique pour la Libye », a reconnu Leon. Ce dernier et tous les soutiens de la solution souhaitent légitimement que la nouvelle rencontre d'Alger débouche sur un accord écrit, signé de toutes les parties. Le chef de la mission onusienne a escompté que les travaux du second round soient une opportunité pour discuter de l'élaboration d'un document qui, par l'enrichissement et l'acceptation de toutes les parties libyennes concernées, deviendra un accord politique de paix et de réconciliation. Les participants sont donc invités à donner leur avis pour que le document, une fois finalisé, soit adopté à l'unanimité. C'est ce qui explique l'intérêt porté par les observateurs et les partenaires internationaux qui ont les yeux rivés sur le rendez-vous algérois. Le ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, Abdelkader Messahel, a situé les enjeux de l'implication des pays tiers dans la recherche de la paix. « Nous sommes appelés à les encourager pour qu'ils prennent des mesures audacieuses à même de parvenir à un apaisement de la situation en prélude à la solution pacifique », a-t-il affirmé. Il a ajouté que l'Algérie appelle les Libyens à mettre fin aux hostilités et à instaurer le cessez-le-feu comme le préconise le Conseil de sécurité. Et à conjuguer leurs efforts pour la formation d'un gouvernement d'union nationale. L'une des personnalités libyennes prenant part au dialogue, en l'occurrence Ahmed Jibril, a exprimé la reconnaissance de ses pairs pour les encouragements témoignés par la communauté internationale. Et rendu un hommage particulier à l'Algérie pour son appui en faveur d'une solution de paix. « Les Libyens sont convaincus que l'Algérie est très soucieuse d'un règlement de la crise qui mette fin la division et favorise la concrétisation de la sécurité et de la stabilité », a-t-il indiqué à l'ouverture de la rencontre. Toutefois, sur le terrain, la violence fait rage. Dans la nuit de dimanche à lundi, des attaques ont ciblé les ambassades du Maroc et de la Corée du Sud. Le représentant onusien a insinué qu'elles (les attaques) sont l'œuvre de ceux qui, parmi les extrémistes, refusent la démocratie et le dialogue. C'est le signe que la bataille de la paix a commencé.