Un nouveau concept de thèse de doctorat est en passe de voir le jour en Algérie. Un doctorat qui tranche avec tout ce qu'a connu l'Université algérienne jusqu'à maintenant. A la place d'une soutenance classique, le doctorant décrochera son diplôme en contrepartie d'un brevet d'invention ou de la réalisation d'une solution dans un domaine précis. Il s'agit en résumé d'une thèse d'entreprise. Selon le directeur général de la recherche scientifique et du développement technologique (DGRSTD), Hafidh Aourag, c'est l'une des solutions préconisées dans la stratégie visant l'implication du chercheur dans la sphère socioéconomique. « Une thèse de doctorat académique n'apporte généralement que des solutions académiques qui souvent sont en déphasage avec les besoins et les attentes d'un pays », observe-t-il. Pour rendre donc les travaux de recherche plus percutants et surtout utiles à l'entreprise algérienne, un travail est en train d'être accompli pour préparer le terrain. « La réglementation algérienne avantage la promotion de la recherche scientifique et le développement technologique. C'est une mesure attractive, dont le bénéfice pour l'entreprise sera double », explique le Pr Aourag. En effet, le doctorant recruté par l'entreprise candidate mènera ses recherches et développera ses solutions durant une période déterminée, généralement quatre ans, en contrepartie d'une bourse, dont le montant sera évidement supérieur à celle accordée dans les universités. « Sans attendre la mise en œuvre de ce type de doctorat, nous avons entrepris des contacts avec des entreprises dans l'optique de les faire adhérer à cette idée. Des accords se profilent déjà avec des sociétés importantes, entre autres dans le domaine des hydrocarbures et de l'industrie du verre », révèle-t-il. Toujours dans le domaine de la promotion de la recherche, la DGRSTD souhaite réhabiliter les centres de recherche et de développement des entreprises mis en place depuis les années 60. « En 1982, lors de la restructuration des sociétés nationales, les centres de recherche dépendant de certaines sociétés furent les premières victimes de cette opération. Le chercheur en industrie qui y exerce n'a pas de statut, il est rémunéré en fonction du poste qu'il occupe, alors qu'il est docteur. Cet état de fait est fatalement un frein pour la recherche. Avec la nouvelle loi, il sera réhabilité », assure-t-il. Concernant la cartographie du secteur de la recherche, le responsable fera savoir qu'un centre national de recherche sur les civilisations arabo-musulmanes verra le jour ces jours-ci à Laghouat. « Depuis 2010, un vaste programme de réalisation de centres de recherche a été entamé en Algérie. Outre celui de Laghouat, 19 nouveaux centres seront réceptionnés avant la fin de cette année », indique-t-il. Ainsi, la wilaya de Bejaïa aura trois centres (industrie agroalimentaire, innovation et transfert technologique et culture amazigh). Tlemcen réceptionnera trois centres également spécialisés dans les domaines du génie des matériaux, de la toxicologie ainsi que de l'innovation et du transfert de technologie. Idem pour Constantine qui accueillera trois établissements dans les filières de l'aménagement et de l'urbanisme, de la mécanique et de la pharmacologie.