Critiqué par les monarchies arabes, le médiateur de l'ONU à qui le Conseil de sécurité a renouvelé mardi sa confiance, a claqué la porte jeudi après quatre années passées à « travailler avec les Yéménites afin de réaliser leurs aspirations légitimes à un changement démocratique ». « D'ici là et au-delà, l'Organisation des Nations unies continuera à ne ménager aucun effort pour relancer le processus de paix afin de remettre la transition politique sur les rails », indique un communiqué de presse de l'ONU. « Au nom du Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, Benomar a négocié l'accord de transition de novembre 2011, a facilité la conclusion de la conférence de dialogue national en janvier 2014 après 10 mois de délibérations, et a agi comme médiateur pour la signature de l'accord de partenariat national pour la paix en septembre 2014 », rappelle le même document. L'actuel chef de la mission de l'ONU pour la lutte contre Ebola, Ismaïl Ould Cheïkh Ahmed, un diplomate mauritanien, pourrait être le successeur du Marocain. L'Arabie saoudite qui coordonne une intervention militaire laisse entendre qu'elle n'a aucune intention de relâcher sa pression militaire sur les Houtis et leurs alliés qui veulent « redessiner la carte politique du Yémen ». « Cette opération continuera jusqu'à ce que les objectifs soient atteints. Il ne peut y avoir de demi-mesures », a affirmé mercredi soir l'ambassadeur saoudien à Washington, Adel Al-Joubeir. L'ONU, l'Iran et la Turquie appellent au dialogue Pour « débloquer » la situation, la Turquie suggère l'organisation d'uneconférence internationale pour la paix. Celle-ci « pourrait être organisée à Ryad ou à Istanbul », selon le président du Parlement turc, Cemil Ciçek. L'Iran appelle au « dialogue immédiat » entre les belligérants. Les Iraniens affirment qu'ils sont prêts à user de leur influence afin d'obtenir un cessez-le-feu au Yémen et empêcher « Al-Qaïda de profiter de cette situation épouvantable pour progresser ». La nébuleuse terroriste s'est emparée jeudi de l'aéroport de Moukalla, chef-lieu de la province du Hadramout (sud-est). Dans une critique à peine voilée contre la campagne de frappes aériennes menées par l'Arabie saoudite, le Premier ministre irakien Haider al-Abadi qui a déjà mis en garde contre la « polarisation » en cours dans la région entre sunnites et chiites, a appelé jeudi à une « fin très rapide » des hostilités. « Il faut mettre fin très rapidement à cette guerre au Yémen, et le seul moyen d'avancer est une solution politique par les Yéménites eux-mêmes », dit-il devant un groupe de réflexion à Washington. Selon un dernier bilan fourni vendredi par l'Organisation mondiale de la Santé, le conflit a fait 767 morts et 2.906 blessés depuis le 19 mars, dont un grand nombre de civils. Les violences ont provoqué une crise humanitaire avec une pénurie de vivres et de médicaments en plus d'un manque d'eau, d'électricité et de carburant dans la plupart des régions. L'ONU et ses partenaires humanitaires ont lancé un appel d'urgence à une aide internationale de près de 274 millions de dollars pour répondre aux besoins de 7,5 millions d'habitants touchés directement par le conflit (sur une population de plus de 24 millions). « Des milliers de familles ont fui leurs maisons en raison des combats et des frappes. Les familles ordinaires ont du mal à accéder aux soins de santé, à l'eau, à la nourriture et au carburant », a prévenu le coordinateur humanitaire, Johannes Van Der Klaauw.