Il y a soixante ans, en 1955 précisément, Bandung (Indonésie) accueillait, du 18 au 24 avril, la première conférence internationale réunissant des représentants d'Asie et d'Afrique. Des délégations d'une trentaine de pays d'Asie et d'Afrique — le Japon était le seul pays industrialisé — se sont retrouvés dans un contexte mondial marqué par une dynamique de décolonisation et de guerre froide qui figeait les rapports entre les deux blocs est (soviétique) et ouest (occidental). La conférence a consacré l'entrée sur la scène internationale du Tiers Monde. Pour la cause algérienne, c'était l'opportunité de se donner une résonnance internationale grâce au travail de sensibilisation effectué par la délégation du FLN composée de Ben Bella, Khider, Aït-Ahmed et M'hammed Yazid. La commémoration du 60e anniversaire a été couronnée, hier, par la signature du message de Bandung, soulignant l'importance de promouvoir l'esprit rattaché à cette conférence et améliorer la coopération Sud-Sud. Ce message, de 41 articles, a été signé par les représentants de dirigeants asiatiques et africains. Dans ce document, les dirigeants des pays d'Asie et d'Afrique se sont engagés à œuvrer pour atteindre un développement durable pour les deux continents en faisant avancer la coopération dans un large éventail de secteurs, allant de la lutte contre le terrorisme et du crime organisé transnational à la promotion du tourisme, du commerce, de la logistique, des investissements et des transports. Toujours selon le message, le 24 avril a été déclaré Journée Asie-Afrique pour célébrer la solidarité, la coopération et le partenariat visant à promouvoir la paix et la prospérité mondiales. L'Algérie, qui a participé par une délégation conduite par le président du Conseil de la nation, Abdelkader Bensalah, représentant du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a affirmé que la célébration du 60e anniversaire de la Conférence de Bandung constituait une opportunité pour l'intensification de la coopération et de la concertation entre les pays afro-asiatiques en vue de faire face à la menace terroriste. « Le terrorisme a été identifié comme l'une des principales menaces à la paix et à la sécurité internationales. L'Algérie, qui est en première ligne du combat contre ce fléau, et engagée, à ce titre, dans des partenariats multiformes, souhaite porter à cette honorable assemblée le message de la nécessité d'une mobilisation de tous les instants, dans la solidarité et la coopération, afin de comprendre les mécanismes de la régénérescence de ce fléau et tarir ses sources de financement », a-t-il déclaré. Bensalah a rappelé, à cette occasion, la Conférence internationale sur la déradicalisation que l'Algérie accueillera au mois de juillet prochain et le symposium sur le financement du terrorisme, en particulier au moyen du paiement des rançons, qu'elle organisera en automne 2015. Il appellera les pays membres à apporter leur contribution à l'enrichissement des rencontres d'Alger. Le soutien de la conférence de Bandung apporté à la Palestine a été salué par le représentant algérien pour qui « il revêt une importance cruciale au moment où le peuple palestinien et ses dirigeants ont fait le choix de contourner le déni du Droit et de s'appuyer sur toutes les ressources qu'offre la légalité internationale pour le recouvrement de leurs droits nationaux ». En allusion au Sahara occidental, il ajoutera que l'esprit de Bandung reste encore à parachever. Les dirigeants asiatiques et africains ont participé symboliquement, à l'occasion des festivités du 60e anniversaire, hier matin à Bandung, à une marche historique entre l'hôtel Savoy Homann et le Gedung Merdeka (ou le bâtiment de l'indépendance). Les dirigeants présents voulaient par ce geste réactualiser les valeurs qui ont fondé l'esprit de la conférence internationale de 1955. Etalé sur cinq jours, le sommet Asie-Afrique entamé mercredi s'est achevé jeudi à Jakarta avec l'adoption de trois documents, nommément le message de Bandung, la déclaration sur la redynamisation du nouveau partenariat stratégique Asie-Afrique et la déclaration sur la Palestine.