La campagne « consommons algérien », lancée à partir d'aujourd'hui et durant une semaine par le ministère de commerce en partenariat avec l'UGTA et le patronat, est une « bonne initiative », selon les économistes et associations des commerçants et des consommateurs. A condition que les produits dont les consommateurs ont besoin soient disponibles. Ce qui n'est pas le cas, selon l'économiste et président de l'Association des exportateurs algériens, Ali Bey Nasri. « Si nous lançons la campagne consommons algérien dans le textile, que pourrons-nous consommer, sachant que nos vêtements sont importés ? Et si elle porte sur les friandises et la biscuiterie, que pourrions-nous consommer, puisque ces produits sont importés ? », s'interroge-t-il, exprimant, toutefois, son approbation pour cette campagne à condition, selon lui, de dresser la liste des produits nationaux ciblés ainsi que le public visé. Cette liste permet d'établir les créneaux de production dans lesquels il est nécessaire d'investir. Selon lui, il faudra cibler les jeunes car ils représentent 80% des consommateurs. « Les jeunes aiment ce qui est beau, bons et pas chers. Pour les détourner donc des produits importés, il faudra produire localement des produits qui répondent à ces critères », estime-t-il. Ce qui est le cas, d'après lui, pour les boissons et les yaourts. « Ces produits ont du succès auprès des consommateurs parce qu'ils répondent au critère du rapport qualité-prix. Ce qui n'est pas le cas pour tous les produits algériens », signale-t-il, appelant à aller vers le « patriotisme économique » et consommer algérien pour inciter les consommateurs à s'impliquer dans la préservation et la création, avant tout, des postes d'emploi et protéger la société du chômage. Le but de cette campagne, c'est aussi, outre d'encourager la production nationale, réduire les importations. Dans cette optique, le porte-parole de l'Union générale des Commerçants et artisans algériens (UGCAA), Hadj Tahar Boulenouar, note que le commerçant a un rôle déterminant dans le développement de la production nationale. Car, selon lui, le commerçant peut influencer les citoyens dans leurs achats en leur conseillant tel ou tel produit. « Mais pour pouvoir convaincre le citoyen de consommer algérien, il faut qu'il en soit lui- même convaincu. Un vendeur ne peut pas tromper les gens sur la qualité des produits. Or, c'est au producteur de convaincre le commerçant avant de convaincre le consommateur sur la qualité de sa marchandise. Sauf que les rapports entre commerçant et producteur sont inexistants », constate-t-il. Le porte-parole de l'UGCAA insiste sur le développement d'une relation durable entre le commerçant et le producteur car, à son sens, c'est cela qui permet de recenser les produits fortement demandés par les consommateurs. « Nous sommes pour la campagne consommons algérien mais il aurait fallu associer les commerçants, car ils ont un rôle à jouer, ainsi que les producteurs. Le rapport qualité-prix est déterminant dans la réussite de cette campagne », dit-il. L'Association de protection et d'orientation des consommateurs et de l'environnement (Apoce) se dit, elle aussi, solidaire de cette initiative et prendrait même part aux différentes activités dans ce cadre. L'Apoce compte soutenir en particulier les producteurs dans leurs campagnes de sensibilisation. « Notre premier souci, en participant à cette campagne, est de protéger notre marché et notre santé par rapport aux produits contrefaits et les OGM (organismes génétiquement modifiés). Car pour nous, tous les produits importés sont suspects », indique le président de l'Apoce, Mustapha Zebdi.