La fin de la nouvelle année ne coûte pas cher seulement à ceux qui passent le réveillon ailleurs. Mais aussi à ceux qui passent la fête de fin d'année chez eux, qui coïncide, en outre, avec la célébration du Mawlid Ennabaoui. Deux occasions qui obligent les familles, à défaut d'une viande rouge estimée trop chère, à se rabattre sur le poulet. Or, même la volaille n'est pas à la portée de tous. Son prix a amorcé son envol bien avant la semaine précédant ces deux événements. Cela a commencé au début du mois de décembre, selon l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA), et depuis, le prix n'a pas connu de baisse. Au point où l'Association de protection et d'orientation des consommateurs et de l'environnement (Apoce) envisage une journée de boycott. « Nous envisageons cette campagne qui touchera aussi les œufs dont le prix a atteint les 14 DA, à la demande des consommateurs. Depuis la journée nationale sans achats, les consommateurs ne cessent de nous interpeller », indique le président de l'Apoce, Mustapha Zebdi, précisant que la campagne aura lieu probablement la fin de ce mois. Pour lui, la hausse des prix de ces deux produits est injustifiée, pointant du doigt les éleveurs qui travaillent « dans des conditions non réglementées ». Chose que reconnaît le porte-parole de l'UGCAA, Hadj-Tahar Boulenouar, tout en avançant d'autres arguments. « En cette période de froid, qui a commencé depuis le début de décembre, l'offre a baissé. Les éleveurs appréhendent de produire car ils n'ont pas les moyens modernes de réchauffement. Ils utilisent jusqu'à présent des fours traditionnels pour garder les volailles au chaud. Ils diminuent donc la production par peur de perdre des sujets, et de l'argent en même temps, à cause du froid. La baisse de l'offre donc est la première raison de cette hausse », argumente-t-il. La hausse des prix des poussins, passés en quelques semaines de 30 à 70 DA, entre également en ligne de compte. Ainsi que la hausse, évidemment, de la demande due au réveillon, de la part surtout des restaurants et des hôtels, et de celle de la fête du Mawlid Ennabaoui, de la part des ménages. Conséquence : les éleveurs cèdent le kilo de poulet à 250 DA au commerçant de gros et ce dernier le revend à 350 DA au détaillant qui le met sur le marché avec un prix oscillant entre 380 à 430 DA le kilo. « Nous n'avons pas un plan de production de la volaille qui permet la stabilisation des prix tout au long de l'année. Il ne faut pas oublier non plus que la production de volaille ne dépasse pas les 300.000 tonnes/an alors que la demande annuelle est de 400.000 tonnes », souligne Boulenouar. Pour ce qui est des légumes et fruits, l'UGCAA et l'Apoce ont constaté une légère baisse dans les prix, due, selon Boulenouar, aux flux de la production et de l'approvisionnement. Les agriculteurs et les commerçants, selon lui, n'ont pas cessé leurs activités, ce qui a garanti la disponibilité de ces produits sur le marché. Evoquant la fête de fin d'année, Zebdi a estimé que les familles algériennes ne l'ont pas célébrée comme les années précédentes. Outre les voyages qui sont chers, les mets qui accompagnent cette fête, la bûche, entre autres, à 2.000 DA, ne sont pas sans conséquences sur les budgets. « D'après nos statistiques, la célébration de cette fête a baissé d'entre 60 à 70% par rapport à 2014. Nous pensons qu'avec les projets de logements AADL, les budgets sont devenus très serrés », signale-t-il.