Le procès de l'affaire dite de l'autoroute Est-Ouest a vu passer à la barre, dans l'après-midi d'hier, une journée et demie après de la lecture de l'arrêt de renvoi, l'un des accusés, en l'occurrence Mohamed Ouazzane, cadre au ministère des Travaux publics. Selon l'arrêt en question, ce dernier aurait usé de son influence en jouant l'intermédiaire entre le principal accusé, Chani Medjdoub et Bouchama, alors secrétaire général du ministère des Travaux publics. Ouazzane est revenu, à la demande du tribunal, sur les circonstances qui ont fait qu'ils se soit retrouvé avec Chani, un ami qu'il va jusqu'à considérer d'ailleurs comme « un membre de la famille » puisque les relations ente eux « se sont bien développées par la suite ». La grand-mère de Chani est une Ouazzane, avoue ce cadre au ministère de la Justice et conseiller du ministre des Travaux publics lors de l'affaire autoroute Est-Ouest. Selon Ouazzane, Chani Medjdoub, qui vit au Luxembourg depuis 30 ans, qui est à la tête de plusieurs sociétés, a « fait en 2006 l'objet d'un mandat d'arrêt international suite à un litige avec une banque ». Certains amis lui auraient demandé de l'aider, mais Ouazzane a, selon ses dires, répliqué que Chani n'avait qu'à « suivre la procédure et faire confiance à la justice », c'est-à-dire vider ce mandat, ce qui a été fait. Chami avait écopé d'une peine de trois ans. Cela dit, « les relations entre les deux personnes ont évolué », explique-t-il au tribunal, « sans liaison avec le poste de Chami en tant que consultant de l'entreprise chinoise CCTIC ». Quant à Bouchama, secrétaire général du ministère des Travaux publics, Ouazzane parle de relations qui « remontent à 1977-1978. Sa femme a fait des études avec lui ». Il ajoute, cependant, qu'il n'a « jamais été le garant de Chani auprès de Bouchama » dans le dossier de l'autoroute Est-Ouest. Sur les rencontres qu'aurait eues Chani avec ce dernier, il explique que « ces rendez-vous étaient pris sans lui ». Ouazzane, qui a assisté à deux ou trois de ces rencontres, trouve, par ailleurs, qu'il est « tout à fait normal que le représentant de la société chinoise vienne parler de blocages du projet », qui est « un projet national », dit-il. Ouazzane devait, cependant, s'expliquer sur certains versements sur son compte par Chani « au moment où le projet venait juste de démarrer ». Le président du tribunal a demandé à l'accusé s'il ne trouvait pas étrange cette coïncidence. Medjdoub avait déclaré, en effet, au juge d'instruction qu'il avait versé à Ouazzane, en 2007, 50 millions de dinars puis 800 millions en 2008 et 2 milliards en 2009. Ouazzane, qui a donné un aperçu de ses biens immobiliers en Algérie « financés à partir des prêts CNEP », s'est défendu d'avoir rendu un quelconque service à Chani avec contrepartie. Medjdoub serait « revenu sur ce type de déclarations », répond-il au tribunal. Selon l'accusé, les deux parties auraient conclu des transactions immobilières portant sur la vente d'un appartement à Staoueli, 17 millions de dinars, ce qui lui aurait aussi permis de « faire une réservation dans un autre projet immobilier privé à Birkhadem » pour finalement lui vendre son appartement d'Oran. D'un autre côté, Ouazzane réfutera les déclarations de Chani, selon qui, il y a eu entre eux « des relations d'intérêt ». « Je n'ai aucune influence sur les ministères encore moins sur un homme de la trempe de Bouchama » qu'il a qualifié d'homme intègre. Le ministère public, les avocats de la partie civile ont essayé, à leur tour, de séparer le bon grain de l'ivraie. Ils ont insisté pour avoir des explications de la part de Ouazzane sur ses relations avec Chani, qui a organisé les rendez-vous avec le SG du ministère, à qui finalement il a vendu son appartement d'Oran, à Chani ou à Khaled qui en est finalement le dernier propriétaire.