Le procès de l'autoroute Est-Ouest, qui se poursuit au tribunal criminel d'Alger, a vu, hier, défiler à la barre Tajeddine Addou et son neveu, accusés d'avoir perçu des commissions de la part des entreprises étrangères moyennant la fourniture d'informations et l'obtention de marchés dont celui de l'autoroute Est-Ouest. Les représentants des sociétés étrangères, espagnole, suisse, portugaise, canadienne, comme Coba, Isolux, Pazzarotti, Garaventas, SMI ont estimé que le règlement financier qu'ils ont fait est « tout ce qu'il y a de régulier », justifiant le paiement par des services rendus. Les versements concernent non Addou Tajeddine, mais « la société qu'il représente », précisent-ils à la demande du tribunal. Ils nient, d'ailleurs, connaître Addou Tajeddine personnellement. Sur la question du juge au représentant portugais de Coba sur le versement qui a été fait à une société non domiciliée en Algérie (Merland de Tajeddine) alors que l'activité se déroule en Algérie, celui-ci l'a justifié par le fait que « la loi portugaise ne l'interdit pas ». Le juge avait auparavant convoqué à la barre Addou Tajeddine, entrepreneur de son état, et son neveu Sid Ahmed, pour s'expliquer sur les sommes d'argent perçues par virement par leurs sociétés, dont celle appartenant à Sid Ahmed Addou, Metalson et les deux revenant à Tajeddine, dont l'une est domiciliée à l'étranger. Ce dernier informe le tribunal qu'il a investi au cours de sa carrière dans plusieurs secteurs tels le tourisme et la promotion immobilière. Il avait déjà constitué une société spécialisée dans la pêche d'où la demande du président du tribunal sur ses relations avec le ministre de la Pêche. Tajeddine avait rappelé les circonstances qui l'ont amené à connaître Ghoul sans toutefois « avoir de relations professionnelles avec lui », dit-il. Tajeddine parlera aussi des ses contacts avec Khelladi, un des accusés, cadre au ministère des Travaux publics, à qui il aurait proposé un bureau d'études canadien (SMI) pour suivre le projet de réalisation de l'autoroute Est-Ouest, en raison de « certaines difficultés rencontrées par la société chinoise CCTIC avec le bureau d'études français ». Addou Tajeddine percevait 600.000 dollars de la société canadienne mais le contrat que le juge d'instruction lui a demandé de fournir est faux. « J'étais en prison », dit-il au juge, et « c'est la famille qui s'est chargé de me le ramener », explique-t-il. Le président du tribunal le questionne ensuite sur sa relation avec Ghazali, conseiller au ministère des Travaux publics, et plus tard, avec le directeur général de l'Agence nationale des autoroutes, qui s'est avéré une de ses connaissances qu'il avait recommandée en « raison de sa compétence et de ses qualités » au ministre. Addou Tajeddine niera avoir intercédé en faveur de sociétés étrangères, notamment la société portugaise Coba pour l'obtention de marchés en Algérie. Celle-ci avait remporté deux marchés sur trois, objet d'appels d'offres, en « ayant été moins-disante ». Coba aurait remporté « les trois marchés si j'avais vraiment été derrière », précise l'accusé. Mais le président tient à avoir des explications sur les versements qu'a effectués la société sur son compte bancaire (celui de l'une de ses deux sociétés Merland). Pour Addou, ce n'est là qu'une « avance » sur un contrat d'accompagnement qu'il n'a pu réaliser pour la simple raison qu'il « se trouvait en prison ». Ce dernier a d'ailleurs nié que les versements que lui ont faits les sociétés étrangères l'aient été pour l'obtention des marchés. Les versements sont en rapport avec des contrats d'accompagnement administratif, après obtention des marchés, de plusieurs mois, ce que confirment les responsables des entreprises étrangères accusées, elles aussi, de corruption. Addou Tajeddine a, par ailleurs, nié connaître l'autre accusé, Chani Medjdoub, qu'il n'a rencontré, selon lui, que « dans les allées du tribunal d'Abane-Ramdane et à Serkadji, à la cellule no 8 ». De son côté, son neveu Addou Sid-Ahmed a lié le versement d'importantes sommes d'argent par les sociétés étrangères à des travaux d'études qu'il a faits par le biais d'une société dont il est actionnaire. Quant au versement effectué aux sœurs Ghrib, dont l'une est l'épouse de Hamdane, cadre au ministère des Transports, « ce n'est là que le règlement d'une dette familiale », a-t-il répliqué.