La guerre au Yémen ne connaîtra pas de répit, balayant tous les espoirs de cessation des hostilités, violée sitôt vainement proclamée. Et après cinq semaines d'intervention de la coalition arabe, les combats reprennent de plus belle dans un engrenage des violences meurtrières, le coup d'arrêt du Conseil de sécurité de l'ONU a pratiquement bloqué les perspectives de « pause humanitaire » réclamée par la Russie pour, au minimum, « faciliter la livraison de l'aide », a soutenu l'ambassadeur russe Vitali Tchourkine. L'impasse est totale dans un pays ravagé par la guerre (1.244 morts et 5.044 blessés depuis le 19 mars et plus de 12.000 personnes en fuite, 300.000 déplacés, selon l'Organisation mondiale de la santé) et plongé dans une crise alimentaire sans précédent. Le cri d'alarme a été lancé, jeudi dernier, par le secrétaire général de l'Onu, Ban Ki-moon, inquiet de l'effondrement des services de santé et de l'interruption de l'aide humanitaire faute d'approvisionnement des hôpitaux en carburant. Pris au piège de la violence, le programme d'assistance souffre de la pénurie de carburants et de l'accès rendu de plus en plus difficile entre Sanaâ et les régions de Taëz, Aden, Dhaleh et Lahej (sud). Dans un rapport du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), le directeur de l'hôpital koweïtien de la capitale yéménite Sanaâ a déploré des « difficultés logistiques énormes pour faire fonctionner l'établissement ». Le drame humanitaire a suscité les vives inquiétudes du coordinateur humanitaire de l'ONU pour le Yémen, Johannes van der Klaauw, prédisant une situation bien pire. « Les services encore en fonction dans le pays en termes de santé, d'eau et de nourriture sont en train de disparaître parce que le pétrole ne rentre plus », a-t-il affirmé. Il a ajouté que « sans pétrole, les hôpitaux ne peuvent pas fonctionner, les ambulances ne peuvent pas sortir et l'eau ne peut plus être pompée dans le système de distribution. Le réseau des télécommunications risque de s'arrêter. Si rien n'est fait dans les prochains jours pour livrer du pétrole et de la nourriture, le Yémen s'arrêtera complètement ». Une alternative, une pause-humanitaire « au moins pour quelque jours », a plaidé le coordinateur onusien qui avertit sur les « conséquences indésirables » de l'embargo sur l'aide humanitaire. En attendant bien sûr l'ouverture des négociations à Riyad, comme l'exigent l'Arabie saoudite et les pays du Golfe, ou en dehors tel que suggéré par l'Iran, voire en Europe, désormais voulu par le Conseil de sécurité.