Un million et demi d'Algériens seraient atteints de l'hépatite C, la forme la plus insidieuse de cette maladie du foie. Tel est le nombre avancé par le président de l'association nationale SOS hépatite, Abdelhamid Boualleg, à l'occasion de la Journée nationale de lutte contre les hépatites, organisée au centre commercial d'El Hamma, à Alger. « Il est temps de mettre en place un plan national de lutte contre l'hépatite viral pour réduire la prévalence qui est en constante augmentation dans certaines wilayas de l'Est en particulier », a-t-il soutenu. Pourquoi l'Est ? « Dans cette région, les médecins procèdent au dépistage systématique de la maladie, d'où la découverte de pratiquement tous les cas », explique-t-il. La professeure Chahrazed Hakem, chef du service de gastrologie au CHU d'Oran, a indiqué que selon l'Institut Pasteur, 0,8% des donneurs de sang sont porteurs d'hépatite. Mais la spécialiste a précisé que l'Algérie enregistre le taux le moins élevé comparativement aux autres pays du Bassin méditerranéen avec une prévalence de 3%. Mais pour le professeur Nabil Debzi, chef du service d'hépatologie au CHU Mustapha-Pacha, il n'existe pas de chiffre exact sur la prévalence de l'hépatite C. « Les quelques chiffres donnés sont juste des notions », a-t-il signalé. En termes de traitement et de prise en charge, la professeure Hakem a précisé que le corps médical n'applique plus la trithérapie pour soigner l'hépatite C. « On a recours à la bithérapie mais les effets secondaires fatiguent le malade », note-t-elle. Toutefois, elle a annoncé qu'un nouveau médicament, antiviral anti-protéase de troisième génération, sera importé prochainement. « Ce traitement administré par voie orale est sans effets secondaires. Il assure une guérison au bout de 12 semaines au lieu de 6 mois avec un taux de guérison de 80 à 100% », a-t-elle précisé. Mais ce médicament coûte très cher, selon le professeur Debzi. De ce fait, il a déploré l'absence d'un budget alloué au traitement des hépatites. « On ne peut pas acheter le médicament sur le budget alloué aux pharmacies des hôpitaux », a-t-il noté. Et d'ajouter : « L'Etat doit négocier avec les grandes firmes pharmaceutiques pour diminuer le coût du médicament. » « Il y a un véritable problème de fond qui se résume en la prévention, le diagnostic et la prise en charge », a rappelé le président de l'association nationale SOS hépatite. Pour le Pr Debzi, l'hépatite ne se transmet pas uniquement par transfusion sanguine mais aussi par d'autres canaux, tels l'absence d'hygiène, les rapports sexuels et l'hémodialyse. Pour rappel, l'hépatite C se transmet par le sang et deux personnes sur 10 en guérissent spontanément mais la maladie devient chronique pour les huit autres. Si l'hépatite n'est pas connue ou pas traitée, une cirrhose se développe dans 20% des cas, d'où l'importance de se faire dépister. Pour l'hépatite B, elle se transmet par les relations sexuelles et le sang. Le virus peut entraîner, dans de rares circonstances, une hépatite aiguë sévère. Chez 90% des cas, l'organisme peut éliminer naturellement le virus.