L'Onu, qui s'apprête à célébrer cette année le 70e anniversaire de sa création, saura-t-elle réparer son « injustice historique » ? Depuis des années, l'Afrique, qui veut assumer « pleinement » son rôle dans la promotion de la paix dans le monde, revendique une voix, un droit de veto et une valorisation de son poids géostratégique. Principale revendication du continent, qui est représenté à New York par 54 Etats : une représentation au Conseil de sécurité en tant que membre permanent jouissant d'un droit de veto. Tous les intervenants ont estimé lors des travaux que la représentation actuelle au sein de l'instance suprême des Nations unies « ne peut pas continuer ainsi et qu'il est temps de procéder à sa réforme », expliquent-ils. Les Etats africains revendiquent une « démocratisation » de l'Organisation des Nations unies et davantage de crédibilité au Conseil de sécurité à travers une représentation plus équitable de toutes les régions du monde, indique le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, qui représente le président Bouteflika au Sommet qui s'ouvre aujourd'hui. Qualifiant de « légitime » la revendication des pays africains, au regard des multiples crises qui secouent le continent, il souligne la « ferme » détermination des pays africains à contribuer à la recherche de solutions aux problèmes liés à la sécurité et à la paix dans le monde. « L'Afrique continuera à soumettre et à imposer ses revendications, notamment celle relative à la réforme du Conseil de sécurité », dit-il. « L'Afrique a un mandat clair et déterminé par le consensus d'Ezulwini, adopté en 2005. Toutes nos positions et tous nos engagements dans les négociations sont déterminés dans ce document de référence qui a appelé à ce que le continent africain soit représenté au Conseil de sécurité par sept membres dont deux permanents avec droit de veto », a déclaré le président du C10 (Comité des 10 Etats, Algérie, Libye, Sénégal, Sierra Leone, Namibie, Zambie, Kenya, Ouganda, Guinée équatoriale et Congo) au niveau des ambassadeurs permanents à New York, le Sierra-Léonais Vandi Chidi Minah. « L'objectif de cette réunion est de sortir avec une vision claire et de savoir comment renforcer nos intérêts », ajoute-t-il. « Nous souhaitons prendre des décisions qui nous permettront d'aller directement aux négociations, notamment avec d'autres groupes ayant les mêmes intérêts que nous », a indiqué la vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères de Namibie, Netumbo Nandi Ndaitwah. « Le monde entier reconnaît l'existence d'un déséquilibre au sein du Conseil de sécurité de l'ONU. Il ne représente pas ce changement quantitatif et qualitatif du monde actuel, ni celui des changements politiques qu'il a connus au fil du temps », a déclaré l'ambassadeur permanent de l'Algérie auprès de l'ONU, Sabri Boukadoum, avant de rappeler que la structure du Conseil de sécurité et son mode de fonctionnement remontent au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. « L'ONU est passée de 70 à 194 membres et l'Afrique compte, à elle seule, 54 pays qui ne sont, malheureusement, pas assez représentés et leurs voix ne sont pas écoutées, alors que 80% de l'agenda du Conseil de sécurité traite des questions africaines. » C'est dans ce contexte que l'Union africaine a désigné dix Etats, soit deux par région, pour porter la revendication africaine sur la question, dont celle de la réforme du Conseil de sécurité, a-t-il expliqué. « Actuellement, l'Afrique possède trois sièges non permanents pour un mandat de deux ans non renouvelable », ajoute-t-il. A Livingstone, les chefs de la diplomatie du C10 ont procédé, hier, à l'examen des derniers développements des négociations intergouvernementales à New York et l'état de mise en œuvre des conclusions du sommet tenu à Oyo (Congo) en mai 2015. Ces négociations sont dirigées par le représentant permanent de la Jamaïque à New York et président des négociations intergouvernementales sur la réforme du Conseil de sécurité de l'ONU, Courtenay Rattray. Le document qui conclura cette réunion sera présenté au sommet du C10 pour examen et adoption avant d'être soumis au sommet de l'UA prévu en juin prochain en Afrique du Sud.