Daesh n'est plus qu'à une centaine de kilomètres de Baghdad. A l'issue d'une offensive qui a fait, en deux jours, environ 500 morts dans les rangs des forces de sécurité et des civils, la chute de Ramadi constitue un sérieux revers militaire traduit par la perte du centre de commandement déserté par les forces de sécurité et le contrôle effectif de la ville, l'un des derniers bastions de la province d'Al-Anbar, limitrophe de la cité de Palmyre et bordé par l'Arabie saoudite, la Syrie et la Jordanie. Chassé de Palmyre (315 morts dont 123 soldats et miliciens loyalistes), Daesh sort néanmoins victorieux d'une bataille lancée, depuis une année, par l'armée irakienne soutenue par la coalition internationale. La situation « mouvante et disputée », selon la porte-parole du ministère américain de la Défense, Maureen Schumann, n'est pas considérée comme une fin en soi. « La chute de Ramadi ne modifie pas le cours des évènements. Si Ramadi est perdue, cela signifie seulement que la coalition devra soutenir les forces irakiennes lors de leur reconquête, plus tard », a précisé une autre porte-parole du Pentagone, Mme Smith. L'heure est donc à la résistance décrétée par le Premier ministre irakien, Haider al-Abadi, ordonnant aux soldats et à leurs alliés des tribus de « tenir leurs positions et de ne pas permettre à Daesh de prendre d'autres secteurs ». Un appui aérien et l'arrivée en renfort des combattants chiites des « Unités de mobilisation populaire », convergeant de Falouja et Habbaniyah, caractérisent le branle-bas de combat qui bat le rappel en urgence du ministre iranien de la Défense, Hossein Dehghan, dépêché, hier, à Baghdad pour des consultations avec son homologue irakien, Khaled al-Obaidi. Ramadi aux mains de Daesh ? Il s'agit, en fait, d'un échec lamentable des guerres impériales considérées comme une grotesque erreur. Le consensus est désormais établi dans la classe politique américaine y compris dans le camp des partisans de l'invasion irakienne. De la démocrate Hillary Clinton au frère Bush, Jeb, en course pour les primaires, en passant par des personnalités influentes du parti républicain (l'ancien gouverneur du Massachusetts et candidat en 2008, Mitt Romney, Rand Paul, un candidat annoncé, les gouverneurs du New Jersey et de l'Ohio, Chris Christie et John Kasich), il est acquis que la guerre en Irak est illégale, en raison de l'absence des armes de destruction massive, et ruineuse (près de 5.000 Américains morts). « Tout le monde accepte cela maintenant », a soutenu un autre candidat potentiel des républicains, Rick Santorum.