En dépit de tous les efforts déployés, pour lutter contre l'analphabétisme, la planète compte actuellement 774 millions d'analphabètes dont 100 millions dans le monde arabe. L'Algérie, avec ses 6 millions d'analphabètes (soit 22,1% de la population) n'est pas en reste. D'où la nécessité d'approfondir le débat pour venir à bout de ce phénomène qui maintient toute une population en marge du progrès. C'est l'objectif de la rencontre organisée hier par l'Association Iqra, au CENEAP, à l'occasion de la journée mondiale d'alphabétisation, célébrée cette année sous le slogan « Le pouvoir de l'alphabétisation ». Des stratégies multiples et dont l'impact n'est guère à démontrer. La réduction des taux d'analphabètes en Algérie est fort appréciable. Le dernier recensement l'a fixé à 22,1%. Les études comparatives effectuées en la matière ont prouvé, encore une fois, que les chiffres sont en nette diminution, 31,90% en 1999, 43% en 1987, 74% en 1966 et 85% au lendemain de l'indépendance. Elles font ressortir la prédominance des femmes, et confirme que la tranche d'âge (de 10 à 19ans) est la plus touchée. Les résultats sont certes tangibles, mais de l'avis des experts, l'Algérie est appelée à renforcer sa stratégie de lutte contre l'analphabétisme, compte tenu de tout l'intérêt que le gouvernement accorde à l'éducation et la formation de tous ses enfants, sans distinction aucune. La présidente de l'Association Iqra, Mme Aicha Barki, s'est félicitée des résultats du dernier recensement général, notamment du volet consacré aux données relatives à l'analphabétisme en Algérie. «Nous détenons de nouvelles données. Ce qui nous permet d'observer des haltes d'évaluation, à l'exemple de la rencontre d'aujourd'hui, regroupant les pouvoirs publics, la société civile et les chercheurs universitaires », a-t-elle déclaré, précisant que l'heure est à la correction des lacunes. L'Algérie a adopté en 2007 une stratégie de lutte contre l'analphabétisme. Laquelle s'étalera jusqu'à 2016 et visera la réduction à hauteur de 50% du taux d'analphabétisme à l'horizon 2012, et son éradication à 100% en 2015. Pour rappel, l'enveloppe financière allouée au titre de la première tranche s'élève à 50 milliards de DA. L'enjeu est de taille et la tâche n'est pas du tout facile, dès lors qu'il s'agit de cibler et convaincre les six millions d'analphabètes à emprunter le chemin du savoir. La stratégie nationale pour l'enfance et celle pour la promotion de la femme, adoptées par le gouvernement conforteront sans nul doute toute démarche de lutte contre l'analphabétisme. Le directeur général du CENEAP, M. El Hadi Makboul, a souligné que la réduction de l'analphabétisme de moitié est un des objectifs du millénaire (soit l'alphabétisation de 3.100.000 personnes d'ici 2012). Selon l'intervenant, toute réussite de stratégie tient à l'amélioration des données relatives aux catégories de la population analphabètes en genre, en tranche d'âge, en strate et en région de résidence et en évaluation plus pointue de leurs besoins et attentes. Parmi les problématiques évoquées, le directeur du CENEAP estime qu'il faudrait prendre en considération les nouveaux aspects du problème. Il affirme, sur la base des études menées par le centre, que l'analphabétisme est de retour, favorisé par la déperdition scolaire et son corollaire. Le travail des enfants et la délinquance aussi. Une situation interpellant les décideurs et la société civile à esquisser des propositions pour orienter la réflexion et atteindre les objectifs visés. A commencer par un ciblage précis des populations concernées, l'introduction de méthodes pédagogiques et de supports liés au TIC. L'intervenant a mis l'accent sur la mise en place d'un fonds national d'appui destiné à ce programme et d'un plan de communication dirigé vers les personnes à alphabétiser et vers leurs enfants scolarisés.