L'accusé principal dans l'affaire de dilapidation de deniers publics, le colonel Chouaïb Oultache, ex-chef de l'unité aérienne de la Direction générale de la Sûreté nationale (DGSN), a rejeté, hier, toutes les accusations retenues contre lui, et réclamé sa disculpation et celle de tous les autres prévenus. « Nous n'avons fait que remplir les prérogatives qui nous étaient assignées pour servir notre pays » en intégrant « en toute loyauté », le programme de modernisation du corps de la Sûreté nationale, a déclaré Oultache à l'ouverture de l'audience de son procès à la chambre correctionnelle près la Cour de Boumerdès. Au total, 25 accusés, dont Oultache Chouaïb, sont poursuivis dans cette affaire pour les chefs d'inculpation de « passation de marchés publics en violation de la législation », « dilapidation de deniers publics », « trafic d'influence », « faux et usage de faux », « implication dans la dilapidation et négligence manifeste ayant mené à la déperdition de fonds publics », selon l'acte de renvoi du tribunal. Interrogé par le juge sur l'objectif recherché en présidant la commission technique chargée de la modernisation du secteur, « sans document de nomination », Oultache a affirmé que l'ex-DG de la Sûreté nationale, Ali Tounsi, l'a désigné « verbalement », après avoir « constaté le bon travail effectué lors de l'acquisition d'hélicoptères avec caméras ». Il a souligné qu'il « présidait effectivement la commission » et que le « manque de temps, dû à l'accélération de la mise au point d'un plan de mise en œuvre de modernisation du secteur », l'a empêché d'accorder de l'importance à une « nomination par écrit », tant pour lui que pour les membres de cette commission. Oultache a rejeté également « le conflit d'intérêt » dans le marché d'acquisition du matériel et équipements informatiques auprès de la société Algerian Business Multimedia (ABM), dont son gendre était directeur général adjoint. Il a expliqué, à cet égard, que le marché (englobant l'acquisition de 2.300 consommables informatiques) a été remporté officiellement par un concepteur en informatique, qui l'a confié à son distributeur exclusif en Algérie, qui n'est autre que ABM, après l'accord de la Direction générale de la Sûreté nationale et de la tutelle, eu égard à la conformité de marché au cahier des charges et à la carte technique, et la possession de l'attestation des garanties nécessaires, par le distributeur concerné. Réfutant catégoriquement avoir « reçu des intérêts » dans les différents marchés qu'il a conclus, il a soutenu avoir « concrétisé plus d'une centaine de marchés, affecté des dizaines de millions de dollars, dans le cadre du programme de modernisation du corps de la sécurité nationale », et qu'il a « paraphé la décision de la commission qu'il présidait, sans avoir commis aucune infraction à la loi sur les marchés publics ». Le deuxième accusé dans cette affaire, Yahiaoui Abdelmadjid, a, également, rejeté toutes les accusations retenues contre lui, niant avoir été au courant de sa désignation à la tête de la commission technique de modernisation du corps de la sûreté nationale. Interrogé, par le juge, sur la décision de sa nomination datée du 22 mai 2007, l'accusé a assuré qu'il « n'a pas été informé de cette décision, et qu'il ne faisait qu'accomplir sa mission de technicien dans cette commission » chargée de donner des « consultations techniques » à l'administration, « qui prend sa décision sur cette base », a t-il expliqué. La commission technique a approuvé l'offre d'ABM, car elle était en conformité avec les critères exigés et l'administration a confirmé cet avis, sur cette base, a-t-il assuré.