« La fuite des capitaux, l'érosion de liquidités et l'insolvabilité étaient des facteurs suffisants pour procéder à la liquidation de la banque Khalifa », a déclaré, hier, Mohamed Laksaci, gouverneur de la Banque d'Algérie, lors de son audition au tribunal criminel de Blida. Expliquant les raisons de la liquidation de la banque, Laksaci estime que toutes les procédures légales ont été respectées. L'acte de griefs a été adressé à tous les actionnaires de la banque lesquels n'ont pas répondu. Il explique que la Banque d'Algérie a envoyé en vain des convocations tout au long de l'année 2003. « Il n'était pas possible de sauver la banque du fait que la commission bancaire a décortiqué tous les rapports et le solde de la banque chez la banque d'Algérie car entre les mois d'avril et de mai de cette année-là, son dépôt ne représentait que 500 millions de dinars », a-t-il expliqué. « L'insolvabilité de fonds signifie cessation de payement », lance Laksaci, en ajoutant que « le déséquilibre financier est un élément secondaire, mais le plus grave c'est le ratio de 8%, c'est à dire le fonds propre de la banque, qui n'était pas respecté », souligne-t-il. La question du retrait de l'agrément de la banque était basée sur 10 rapports d'experts et autres information supplémentaire fournies par l'administrateur. A la question sur les taux d'intérêt pratiqués par les banques publiques durant la période 1998-1999 et 2000 et qui ont connu une chute vertigineuse en passant de 21% à 2%, le témoin précise que les taux d'intérêt ont connu une libéralisation au début des années 90 et relèvent du choix des banques. Pour ce qui est du taux de 12% utilisé par la banque Khalifa, Laksaci affirme que la Banque d'Algérie n'a eu des informations sur ce sujet qu'en mars 2003 à travers l'administrateur. « C'est de l'ordre de la gestion interne de la banque ». Il explique que les comptes d'ordre que la banque Khalifa accordaient aux diverses filiales n'étaient pas déclarés à la centrale. Des inspecteurs non assermentés Prié d'expliquer pourquoi le ministre des Finances de l'époque (Medelci), n'a pas pris de décision pour intervenir, Laksaci explique qu'il n'avait pas assez d'éléments pour pouvoir agir par le biais de la justice d'autant que les rapports qui lui ont été adressés ont été élaborés par des experts non assermentés. Au cours de l'audition, on a appris par ailleurs que Rafik Khalifa aurait sollicité une audience au Gouverneur pour lui demander des informations à propos de l'éventualité de l'achat d'une banque en Allemagne. Concernant la désignation de Djellab en tant qu'administrateur, le témoin a affirmé qu'il s'agit d'un banquier expérimenté. « Sa mission était de gérer la banque sans fixer une durée », a-t-il ajouté. Mohamed Khamoudj, ex-adjoint gouverneur, expliquera pour que « les inspecteurs s'attendaient à un redressement de la situation financière de la banque, mais la situation de la banque s'est détériorée ». « Au niveau des banques publiques, il nous arrive de constater des anomalies mais jamais de cette ampleur », a relevé le banquier à la retraite.