Très peu d'artistes réussissent le pari - pas du tout évident - de peindre Alger avec originalité. Bile en tête, se fichant du risque encouru, Abderrahmane Kahlane, l'a fait, et avec éclats lors d'une exposition « Les Palais d'Alger » réunissant 33 toiles entièrement dédiées à la vieille Médina, inaugurée mardi par le ministre de la Culture, Azeddine Mihoubi, (dont le département assure le patronage) au Musée du Bardo. Originaux, les tableaux de ce grand peintre le sont de bout en bout. Et pas seulement par la variété des techniques (peinture sur huile, aquarelle, acrylique...) qu'il manie au demeurant avec autant d'aisance que de brio. Une nuée de couleurs chatoyantes et vives, le rouge, le bleu, le vert... subtilement mêlées, couvrent les formes mauresques de la Casbah, donnant, ainsi, toute la force et la densité à ce travail d'une remarquable finesse. On y trouve de sublimes toiles mettant en scène son inestimable patrimoine matériel (Les palais ottomans, les portes, les marabouts, les mosquées...). « Il va de soi que l'amour que je porte pour Alger et son vieux patrimoine constitue une source intarissable pour l'exercice de mon art », explique cet autodidacte, de retour au pays après un « exil » en France où il s'était pleinement adonné à son art. Connu pour avoir porté une vision novatrice et un regard frais sur ses sujets, cet artiste plasticien de génie a le chic, comme souligné par les spécialistes, de « rendre l'antique moderne ». « Originale et singulière, son œuvre ne laisse personne indifférent », résume la notice de l'expo. Abderrahmane Kahlane est issu d'une famille d'artistes (grand-père brodeur sur cuir et sœur professeur de dessin...) il a très tôt fait montre d'une maîtrise qui allait le porter sur les devants de la scène plastique que ce soit en Algérie, en France, ou dans le monde arabe