« Nous ne sommes pas au point où l'on peut dire que les négociations vont s'achever rapidement. Elles iront jusqu'à la date butoir et peuvent même aller au-delà », estime le vice-ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi. Mis sous haute pression, l'Iran a été sommé par l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) de permettre un accès à tous les sites, y compris militaires. En visite à Paris, le chef de l'AIEA, le Japonais Yukiya Amano, a justifié, hier, la nécessité des inspections, prévues dans le Protocole additionnel du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP) que Téhéran s'est engagé à mettre en œuvre dans le cas d'un accord final, par la volonté de confirmer le caractère pacifique de son programme nucléaire. La démarche de l'AIEA, drapée de considérations techniques et des dispositions réglementaires applicables aux 120 pays signataires du TNP, se revendique de la mission de vérification de la possible dimension militaire (PMD) au-delà même de 2003. Elle réclame de ce fait l'accès au site militaire de Parchin, près de Téhéran, soupçonné d'abriter des tests d'explosions conventionnelles susceptibles d'être appliquées au nucléaire. Qualifiée par un général de « demande officielle d'espionnage », cette éventualité a été fermement rejetée la semaine dernière par le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khameneï, saluant, à l'occasion, le rôle des négociateurs qui « travaillent, font des efforts et versent leur sueur ». C'est que dans la maison iranienne, les accusations du clan conservateur mettant en cause les concessions faites aux Occidentaux ont mis à mal la crédibilité des négociateurs. Lors d'une séance à huis clos au Parlement, des députés ont violemment critiqué le chef de la diplomatie, Mohammad Javad Zarif, et son vice-ministre, Abbas Araghchi. Ils leur ont reprochés d'avoir accepté le principe des inspections par des experts étrangers des sites militaires. Mais les équivoques ont été levées par Araghchi en faisant le distinguo entre les inspections refusées par les négociateurs et les procédures d'accès réglementées à des sites non nucléaires dans le cadre du protocole du TNP. La parenthèse parlementaire est donc fermée. Dans un discours prononcé à Shahriyar, à l'ouest de Téhéran, le président Rohani a stigmatisé « la petite minorité qui parle haut et fort » aux antipodes de « la grande majorité de la population favorable à la paix, à la réconciliation et à l'entente constructive avec le monde ». La riposte iranienne sur « la logique, l'argumentation et la négociation » pour les droits nationaux défendus bec et ongles par une « équipe très forte de négociateurs nucléaires ». Dans ce climat de discorde, l'arbitrage de Khamenei, appelant au respect mutuel entre le Parlement et le gouvernement, privilégie une « entente compromise par un regard suspicieux des uns et des accusations de compromission et de trahison des autres ».