Les Algériens risquent de passer le ramadan sans pain. La Fédération nationale des boulangers (FNB), affiliée à l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA), aile Salah Souilah, envisage de déclencher une grève générale illimitée. C'est ce qu'a annoncé, hier, son président, Youcef Kalafat, lors d'une conférence de presse tenue à Alger. Il a souligné que cette décision découle du conseil national de la fédération réuni en session extraordinaire le 30 mai dernier. Toutefois, avant d'entreprendre cette action, l'instance a recommandé de donner du temps au ministère de Commerce pour répondre aux doléances des boulangers. « Dans le cas où il n'y aura pas de retour d'écho, le mouvement de protestation sera durci », a prévenu Kalafat, signalant que la FNB a décidé d'observer d'abord un sit-in devant le département de Amara Benyounès le 11 juin. « Nous maintiendrons notre sit-in jusqu'à ce que le ministre du Commerce accepte de nous recevoir », a-t-il indiqué. Il a rappelé que la fédération a adressé deux demandes d'audience au ministère qui sont restées sans suite. « Le jour du rassemblement, nous lancerons à la tutelle un ultimatum d'une semaine pour répondre à notre plateforme de revendications », a-t-il averti. Que revendiquent les boulangers ? Ils veulent que le prix de 10 DA la baguette soit réglementé. « Actuellement, tous les boulangers la vendent à 10 DA mais ce prix n'est pas réglementé. Les prix administrés sont de l'ordre de 7,50 DA pour le pain normal et 8,50 DA pour le pain amélioré mais aucun boulanger ne les respecte. Dernièrement, des boulangers, notamment des wilayas d'Alger, Boumerdès, Blida et Mostaganem, ont été verbalisés par les services de contrôle du ministère du Commerce pour non-respect du prix administré », a fait observer Kalafat. Il a indiqué que « si le gouvernement veut que nous respections ce prix de 8,50 DA fixé en 1996, il faudrait aussi que les prix des matières premières ainsi que le SNMG redescendent à ce qu'ils étaient en 1996 ». Avec un prix de vente de 10 DA, le boulanger a une marge bénéficiaire de 1,20 DA. Pour la fédération, « il est inconcevable que le gouvernement matient les prix administrés alors que la commission mixte installée par le ministère du Commerce a souligné dans son rapport que le prix de revient de la baguette dépasse les 8,50 DA ». Selon la FNB, le prix de revient est de 9,85 DA. La fédération revendique également d'imposer l'impôt de 5% sur les bénéfices plutôt que sur le chiffre d'affaires, précisant que les boulangers sont imposés au régime forfaitaire. Elle demande également à ce que les autorités accordent des autorisations pour le recrutement de la main-d'œuvre issue des pays subsahariens.