La réforme du système éducatif a certes eu un impact positif sur les méthodes d'enseignement et la qualité des programmes dispensés, mais de l'avis des experts, des insuffisances persistent, nécessitant une évaluation globale des mesures prises pour que notre institution éducative soit conforme aux normes internationales. Certains experts qualifient d'impérative l'élaboration d'indicateurs pour l'évaluation pour pouvoir identifier les forces et les faiblesses du système. D'autres estiment qu'au-delà de la révision de certains aspects de la politique éducative, le temps est à la promulgation d'une nouvelle réglementation en la matière. Le moment est opportun d'autant plus que la ministre de l'Education, Nouria Benghabrit, a, à maintes reprises, plaidé pour la révision du système d'évaluation. Elle a estimé, hier, à l'ouverture du colloque international sur l'évaluation des acquis des élèves, que pour la fin du cycle primaire, il serait plus pertinent à ce stade de l'enseignement d'opter plutôt pour un test que pour un examen national de fin de cycle primaire. Pour la ministre, le cycle primaire constitue la priorité du secteur du point de vue stratégique. Elle a suggéré la suppression du système d'évaluation de la notation chiffrée, et ce, à la faveur d'une approche pédagogique pour améliorer le rendement des élèves. La ministre considère que la lutte contre la déperdition scolaire est tributaire de l'amélioration de l'exercice pédagogique. Elle juge, par ailleurs, que l'amélioration du rendement pédagogique passe par l'adoption de nouveaux comportements pédagogiques. « Il faut procéder à des changements aussi bien en matière de contenus que pour les mécanismes d'évaluation des élèves », relève la ministre, tout en insistant sur l'importance de l'évaluation comme dispositif d'amélioration de la qualité de l'enseignement. D'où la nécessité de revoir les mécanismes d'évaluation des examens nationaux. Selon la ministre, l'actuelle évaluation ne permet pas de mesurer réellement si les compétences ciblées ont été intégrées et si l'élève est en mesure d'exploiter les connaissances acquises dans des situations réelles. Pour certains pédagogues, il est utile de rappeler que l'évaluation qui produit des signes de valorisation sociale, tels les notes ou les diplômes, doit être au service des acquis pour aider à les mesurer et pour leur donner une visibilité. Dans ce contexte, les intervenants ont jugé utile de définir les objectifs de toute évaluation. Pour la directrice de l'évaluation et la prospective au ministère de l'Education, Samia Mezaïb, toute évaluation doit se fixer comme finalité l'adoption de certaines mesures à mettre en place pour combler les défaillances et fournir aux gestionnaires du système éducatif des éléments à étudier pour la mise en place de dispositifs de pilotage. Elle déplore le fait qu'aucun des résultats des évaluations menées jusqu'à présent n'ait été exploité pour développer le secteur. « Les résultats n'ont pas été mis à la disposition des différents intervenants », souligne-t-elle, plaidant pour l'élaboration d'un plan national d'évaluation. Ce dernier permettra de déterminer la périodicité des évaluations nationales, précisant qu'elles coûtent cher et prennent beaucoup de temps. Alain Mingat, expert international en éducation, estime qu'il faut structurer et organiser l'évaluation. « Quel est l'objet du diagnostic ? L'évaluation est-elle une fin en soi ou un moyen ? » s'interroge-t-il. Autant de questions auxquelles les intervenants tenteront, aujourd'hui, de trouver des solutions.