Photo : Fouad S. Le syndicat de Simpral a peur pour l'avenir de l'entreprise. C'est juste et légitime. Cela relève même des prérogatives et des missions d'un syndicat soucieux des intérêts du collectif qu'il représente. Mais le communiqué paru hier dans un titre de la presse reflète-t-il l'exacte vérité des faits ? Derrière la cohérence de façade, il y a pourtant des omissions. C'est facile de dire la vérité mais difficile de dire toutes les vérités. Le problème de l'endettement de Simpral et des autres imprimeurs ne date pas d'aujourd'hui. Doit-on pour autant scier la branche sur laquelle on est assis ? Comment exiger le payement rubis sur l'ongle à des publications qui n'ont demandé qu'à établir un échéancier pour s'acquitter de leurs dettes ? C'est vrai que la justice a tranché en faveur de l'imprimeur. Pour autant, faut-il oublier que la presse est un produit spécifique ? On ne peut sacrifier la pluralité de l'expression et la diversité des titres sur l'autel de la seule raison commerciale qui, poussée dans sa logique ultime, rétablirait le monopole de l'expression. Exiger de ses clients le paiement immédiat de la totalité de la dette contractée équivaut à un étranglement des publications. Un terrain d'entente peut être trouvé au terme de discussions sereines et constructives. Les fidèles clients de la Simpral sont des titres qui n'ont pas disparu en laissant derrière eux des ardoises faramineuses. Ils ont toujours affiché leur volonté d'honorer leurs créances et comptent sur la scène médiatique. La Simpral a une tutelle qui a, par respect pour le jour légal de repos, décidé de consacrer le jeudi à la maintenance des équipements. Certains titres, qui furent au début les premiers à vouloir ne pas paraître le vendredi, ont changé d'avis. Ne trouvant pas en la SIA un partenaire intéressé par cette perspective, ils se sont rabattus sur Simpral. Faut-il alors, par simple volonté de s'accaparer de marchés proposés, sacrifier le principe de solidarité ? La concurrence a aussi ses règles et son éthique. On ne profite pas des situations aux dépens des autres. La porte serait alors ouverte à la concurrence déloyale qui se traduit déjà par des contenus plus racoleurs.